Nouvelles de ces derniers temps : édition du 16 mars 2017
1°) La crise politique continue.
La situation italienne est à peu près aussi chaotique que la situation française avant les élections présidentielles. Le 6 mars dernier, Raffaele Simone, dont
nous avons déjà parlé (Voir la rubrique « Actualité culturelle - Livres »), a publié dans le Monde un intéressant article, L’affaire Fillon menace l’Europe
entière. On pourrait en particulier mettre en parallèle nos deux situations comme Simone analyse les conséquences de l’affaire Fillon sur les autres pays
européens qui vont procéder à des élections. On peut faire la même analyse en France et en Italie : Matteo Renzi // Manuel Valls
Paolo Gentiloni // Bernard Cazeneuve,
C’est la même politique, la même fracture entre des forces d’opposition désorganisées et un régime qui s’affaiblit et qui s’approche de son écroulement. Sauf
que le point de rupture est plus proche en France, les élections présidentielles de mai 2017, alors qu’en Italie, les élections ne seront probablement qu’au
début de 2018.
Jusque là, les grenouillages continueront pour savoir qui l’emportera dans ce qui reste du PD (Parti démocrate) après la scission qui vient de se produire :
après la victoire du NON au référendum du 04 décembre 2016, Matteo Renzi a dû démissionner de la Présidence du Conseil et de la direction du PD le 19
février ; la scission se profilait déjà, puisque une minorité du PD avait voté NON au référendum constitutionnel proposé par le gouvernement Renzi, et elle a
séparé de façon plus radicale les deux courants qui ont constitué le PD en 2007, le courant Démocrate-Chrétien de « gauche » (Renzi) et le courant venu du
Parti Communiste Italien (PCI) que représentaient entre autre son ancien Secrétaire National, Pier Luigi Bersani, et un ancien premier ministre, Massimo
D’Alema.
Pour le moment, une trentaine de députés et environ 15 sénateurs ont déjà quitté le PD avec beaucoup de militants ; à l’opposé restent les partisans de
Renzi ; un troisième courant hésite et tente actuellement de prendre la majorité contre Matteo Renzi au prochain congrès, il est mené par Michele Emiliano,
qui ne veut pas laisser le PD aux mains de Renzi, ou par Pisapia, l‘ancien maire de Milan. Dans l’étape actuelle, c’est surtout la décomposition et
l’éparpillement qui l’emportent, des groupes comme « Gauche italienne », « Possibile », etc. Certains se réfèrent à Mélanchon, d’autres (rares) à Valls, et
les derniers à Macron (dont Renzi qui semble avoir abandonné Valls après sa défaite aux primaires de gauche en France).
Mais tout cela n’est que lutte d’appareils (parfois jamais passés par des élections, comme Renzi en Italie ou Macron en France) ; comment voteront les
électeurs, on ne sait pas, comme l’a montré le référendum du 04 décembre : la rupture entre le « peuple » et le « palais » se fait plus profonde, et peut
nous conduire à une nouvelle forme de fascisme si le « peuple » n’acquiert pas une véritable conscience politique de cette lutte qui oppose un capitalisme
dominant et encore fort et une classe encore indistincte et divisée des exploités par ce régime. Et la division est aussi forte à droite qu’à gauche : voir la
situation française et les hésitations de ce qui reste du parti de Berlusconi en Italie.
Quant au Mouvement 5 Étoiles (M5S), il est fort d’une aspiration à un changement radical, et cela explique l’acharnement de tous les partis (et souvent des
journalistes français et européens) à le combattre et à le réduire à une forme de « populisme » ; il faut pour les vieux partis (et d’abord le PD) démolir
Virginia Raggi, la maire de Rome, pour montrer avant les élections que le M5S n’est pas capable de gouverner.
Jusqu’à présent l’Italie a été protégée de la catastrophe par la politique de Mario Draghi qui a favorisé des intérêts de prêts à taux zéro et de rachat massif
des titres de dette par la Banque Centrale Européenne, mais l’ère Draghi est proche de sa fin, que va-t-il maintenant arriver ?
Le comique télévisuel et journaliste Maurizio Crozza vient de proposer de « moderniser » l’hymne national italien Fratelli d’Italia, en remplaçant cette formule
par « Furbetti d’Italia », petits fourbes d’Italie ! : les mauvaises mœurs des élus italiens peu présents aux séances mais payés quand même : (à chanter
sur l’air de l’hymne national)
Dei furbetti d’Italia
Des petits fourbes d’Italie
Onoriamo le gesta
honorons les actions
Io striscio per Scipio Je rampe pour Scipion
Che è a casa a far festa. Qui est chez lui pour faire la fête
Dov’è la vittoria ? Où est la victoire ?
Si tinge la chioma Elle se teint les cheveux
Fa shopping a Roma elle fait ses courses à Rome
Invece di lavorar. Au lieu de travailler.
Furbetti d’Italia Petits fourbes d’Italie
Ci vuol mano lesta, il faut avoir la main leste
Ti segni presente
Tu te marques présent
E poi vai in palestra et puis tu vas au gymnase
Se hai un altro lavoro
Si tu as un autre travail
Se canti in un coro
si tu chantes dans une chorale
Timbri di straforo tu t’inscris présent à la dérobée
E poi te ne vai.
et puis tu t’en vas
Che tu sia primario
Que tu sois médecin-chef
Impiegato od agrario
employé ou propriétaire foncier
Ti tagli l’orario,
tu coupes tes horaires
è così che si fa
c’est ainsi qu’on fait
la mossa vincente
le coup gagnant
Del chi se ne frega
de celui qui s’en fout
E avere un collega
et avoir un collègue
Che timbra per te.
qui appuie sur le bouton pour toi.
C’est très proche, hélas ! du « tous pourris » que nous connaissons bien, mais hélas ! ça marche parce que c’est tout un aspect de la réalité.
2°) La fête du Droit de la femme en Italie le 8 mars dernier à Turin
Nous avons préféré faire exprimer une amie qui a participé aux manifestations de Turin, témoignage que le 8 mars a provoqué en Italie de grandes
manifestations … et pas seulement l’offre d’un brin de mimosa.
Angela Morano, 9 marzo 2017
Quelques images de la manifestation du 8 mars 2017 à Turin prises par Angela Morano
3°) Naissance d’un nouveau lac à Rome grâce à l’action de la population et des groupes de rappeurs.
Le 2 mai 1922, dans une localité de la banlieue romaine, la localité Acqua Bulicante, après la Porta Maggiore,
était commencée la construction d’une des plus grandes usines italiennes, la Società Generale Italiana della
Viscosa, qui employait 2500 ouvriers pour une production de soie artificielle.
Comme elle avait beaucoup de capitaux américains, elle fut très affectée par la dépression de 1929, et le
nombre d’ouvriers se réduisit à 1339 ; le régime fasciste lui vint en aide en lui faisant produire les uniformes
de l’armée. Mais les bombardements de 1944 entraînèrent son déclin et en 1953, les ouvriers n’étaient plus
qu’au nombre de 120 ; l’usine ferme définitivement en 1954.
En 1969, la Société est absorbée par la SNIA Viscosa. La SNIA était la Società Navigazione Italo Americana,
créée en 1917 pour contrôler les transports maritimes entre l’Italie et les Etats-Unis ; en 1920 elle devient la
Società Nazionale Industria e Commercio, puis la Società Navigazione Industriale Applicazione Viscosa, la
SNIA Viscosa, une des plus grandes sociétés cotées aux Bourses de Milan, Londres et New York, produisant
24.000 kilos de fibres artificielles par jour (68,6% de la production nationale et 11,1% de la production mondiale).
La crise du secteur chimique italien à partir de 1990 fit passer l’usine de Rome à la Société immobilière
Pinciana puis au constructeur Antonio Pulcini, qui dépose une demande de construction « pour activités
productives » qui, grâce à un ensemble de faux papiers et de spéculations est accordée par la Commune de
Rome.
Le chantier ouvre en 1992, mais bientôt, en creusant, les machines
éventrent une nappe phréatique (l’Acqua Bullicante = l’eau
bouillonnante, ainsi appelée parce qu’on y a décelé des émanations
de gaz sulfureux qui la font bouillonner) du « fosso della Marranella
», petite rivière du Latium, affluente de l’Aniene, un affluent du Tibre.
Le « fosso della Marranella » était déjà connu dans l’Antiquité, et
son nom venait de celui du quartier que longeait la rivière l’ager
maranus ; mais aujourd’hui la rivière est invisible, parce que son
cours a été recouvert en 1934 et envoyé dans un collecteur
souterrain qui reçoit l’Acqua bullicante, suit la rue de la Marranella,
traverse l’ex-SNIA Viscosa, suit la ligne de chemin de fer Rome-
Pescara et réapparaît le long de la rue de Pietralata avant de se jeter
dans l’Aniene. Le « fosso » donne son nom aux bourgs qui se
forment le long de son cours, qui constituent aujourd’hui la zone
urbaine de Torpignattara (on est proche du Mausolée d’Hélène, la mère de l’empereur Constantin, où on a
retrouvé dans le toit des amphores de terre cuite appelées « pignatte », d’où le nom de la localité).
Pour se libérer de l’eau, Pulcini fait pomper l’eau et l’envoie dans le
collecteur d‘égout, mais celui-ci est insuffisant et tout le site creusé
est inondé jusqu’au Largo Preneste, formant un lac de près de 10
mètres de profondeur et 10.000 m2 de surface. Autour du lac, la
végétation se développe, les poissons et les libellules apparaissent et une race protégée de canards s’y installe.
Découvrant les dégâts provoqués à l’égout et la falsification des
déclarations, la commune de Rome, compromise dans la
spéculation, annule la concession de construction ; le propriétaire
tente de faire construire des installations pour le championnat du
monde de natation de 2009, puis 4 tours de 30 étages.
Mais c’est la mobilisation de la population, aidée par des groupes de
rappeurs qui occupent les vieux bâtiments de l’ex-SNIA et en font un
Centre Social Occupé et Autogéré (C.S.O.A.), qui oblige les
autorités municipales à conserver le lac ouvert au public en 2016 ;
c’est ainsi que tous les projets de construction sont annulés et que
se crée le « Parco delle energie ». Vous pouvez écouter la
chanson du groupe Assalti Frontali, Il lago che combatte (2016) sur
Youtube et voir les explications sur notre site au chapitre «
chansons ».
De plus, les analyses réalisées révèlent que l’eau du lac est saine et
que l’on peut s’y baigner ; de plus on s’aperçoit que le lac se trouve
en partie sur un terrain de propriété publique. Voilà donc comment
s’est créé un espace vert public, conquis et préservé par les
manifestations de la population locale, heureuse d’avoir à elle un
lac où on peut venir se baigner, faire des pique-niques sur ses
plages, faire des compétitions de canoé et passer des dimanches
plus agréables au milieu de végétations florissantes : « La nature
s’est révoltée contre la spéculation ». Si vous allez à Rome, allez
voir ce lac, vous en serez étonnés.
(ACCÈS : partez de la basilique de St Jean de Latran, et de la
Porta Maggiore voisine ; de là part la via Prenestina, ancienne
voie romaine du 1er siècle. Vous pouvez accéder par le Parco
delle Energie, au n° 175 de la via Prenestina, ou par la via di Portonaccio).
(Sur Internet, autres images en tapant : Lago ex SNIA, Lago Preneste, Via Prenestina, Parco delle
energie …)
4°) le combat du Pape continue contre la corruption des cardinaux du Vatican.
Pour la première fois, le pape a été récemment attaqué à Rome par des affiches qui dénoncent ses critiques contre les cardinaux en
dialecte romanesco : « A France’, hai commissariato Congregazioni, rimosso sacerdoti, decapitato l’Ordine di Malta e i Francescani
dell’Immacolata, ignorato cardinali … ma n’do sta la tua misericordia ? » ; le texte est surmonté de la photo du pape. L’affiche est
anonyme, mais tous y ont reconnu les milieux conservateurs qui depuis le début s’opposent à la ligne suivie par le pape. La police
italienne enquête pour identifier les auteurs après avoir fait enlever plus de 200 affiches.
Le pape a accordé un entretien à La Civiltà Cattolica, la revue des Jésuites qui arrive à son numéro 4000. Avec humour, il dénonce la
corruption qui règne au Vatican, « le climat mondain et princier » entretenu par le clergé « qui rame dans la barque de saint Pierre à
contre-courant … comme cela est toujours arrivé » ; il dénonce la pédophilie trop courante dans le clergé (depuis 3 ans 1200
plaintes sont arrivées à la Congrégations pour la doctrine de la foi), l’absence d’un sens élémentaire de la pauvreté.
Tout cela est maintenant public : l’État du Vatican est aussi corrompu que n’importe quel État laïque. Le journaliste Emiliano Fittipaldi
a décrit ces crimes dans son dernier livre Lussuria. Le pape est conscient que cela peut conduire à la « faillite » de son Église (il
emploie le mot « fallimento »), il a en cela une plus grande intelligence de la réalité que ses prédécesseurs, et une volonté plus
ferme de changer la réalité.
5°) Où en est Virginia Raggi ?
Pour elle aussi, le combat continue ! Toujours en accusation pour quelques nominations d’adjoints, elle doit cependant régler les problèmes de la ville, dont
celui du prochain stade qui doit être construit à Rome, dont elle veut limiter les dimensions. Le 8 mars dernier elle
est allée remettre un bouquet de mimosa à la prison pour femmes de Rebibbia, et elle a plaisanté avec ceux qui la
recevaient, la directrice, le personnel de gardiennes, les gendarmes, et elle a loué les efforts de la prison pour
faire travailler les prisonnières et ne pas les laisser dans une oisiveté déprimante. Pendant la journée des droits
de la femme, elle a déclaré : « C'e' chi pensa che le quote di genere siano necessarie e sufficienti per dare alle
donne il giusto spazio nei ruoli di comando, non e' assolutamente cosi'. E' necessario invece partire dalle cose più
semplici. Come una legislazione che garantisca una scolarizzazione per tutti, efficace e competitiva. Servono
condizioni di lavoro che non vedano penalizzate le donne nel momento in cui diventano madri ». Et elle ajoute : «
Il messaggio alle donne va al di là dell'8 marzo. Vediamo troppo spesso le donne oggetto di insulti, anche velati,
dobbiamo iniziare a valorizzare le donne tutti i giorni dell'anno ». Elle sait de quoi elle parle !
Le 15 mars elle est à New York pour le Women4Climate, réunion avec des maires féminines de divers pays, sur
l’invitation d’Anne Hidalgo, la maire de Paris. Aussitôt ses adversaires de
droite et de gauche ont rappelé que son prédécesseur, Ignazio Marino,
était tombé après s’être rendu à Philadelphie. On rappelle aussi qu’en juin 2016, les attaques contre Virginia Raggi
avaient été lancées par un site d’extrême-droite dirigé par un collaborateur de Donald Trump, Stephen Bannon,
antisémite notoire, qui avait écrit que Virginia Raggi était « la Trump de Rome » ! On lui reproche aussi de quitter
Rome qui est dans une situation si grave …
Virginia Raggi fait bien de préparer sa défense contre ses ennemis, et parfois contre ses amis … ses avocats vont
déposer un dossier précis auprès du procureur et elle estime qu’alors tout sera réglé.
6°) La violence contre les femmes au premier plan des combats féministes
Le 2 mars dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg a condamné l’Italie, sur dénonciation de l’avocate Titti Carrano, pour absence
de protection d’une femme et de son fils contre un mari violent. Le fils avait été tué à Remanzacco près de
Udine (Frioul) en 2013 et le femme gravement blessée, après être allée porter plainte et demander protection
contre son mari violent. Or la police n’avait rien fait ni pour protéger la mère et le fils ni pour mettre le mari hors
d’état de nuire. La Cour condamne donc l’Italie pour son inertie et son incapacité à apprécier la gravité d’une
plainte, au nom de l’article 2 (droit à la vie), 3 (interdiction des traitements inhumains et dégradants) et 14
(interdiction de discrimination) de la Convention des Droits de l’Homme. La plaignante a obtenu 30.000 euros
pour dommages moraux et 10.000 euros pour les frais de procès ; le mari est en prison (Voir Il Fatto
Quotidiano du 2 mars 2017).
Ce n’est donc pas sans raison que les manifestations italiennes du 8 mars dernier aient tant insisté sur les
problèmes de violence sur les femmes, et, comme à Turin sur toutes les formes de violence, sur les homosexuels, sur les migrants… Ils auraient aussi pu
parler des guerres contemporaines.
7°) « Mani pulite » 25 ans après
Le livre de Gianni Barbacetto, Peter Gomez et Marco Travaglio vient d’être réédité, revu et mis à jour, Mani pulite 25 anni
dopo. Il est en librairie et en kiosque depuis le 25 février dernier (Paper First, 448 pages, 12 euros). C’est une histoire
complète de cet épisode-clé de l’histoire italienne, qui a achevé 50 ans de pouvoir direct de la Démocratie Chrétienne et
des Socialistes. Mais, contrairement à ce qu’on a souvent dit, les Communistes ne furent pas épargnés : au lieu de
toucher directement les dessous-de-table, ils étaient financés indirectement par un pourcentage sur les adjudications de
travaux publics, qui était versé aux coopératives rouges qui finançaient ensuite le PCI puis le PDS. C’est un des points que
clarifient les auteurs dès l’introduction.
Ils rappellent dans cette introduction l’article provocateur d’Indro Montanelli sur le Corriere della Sera le 20 juillet 1998,
soutenu par le prix Nobel d’Économie Franco Modigliani : l’article proposait ironiquement d’organiser un referendum
populaire pour abolir les crimes et délits de Silvio Berlusconi et pour abolir les galères, ce qui le mettrait définitivement en
sécurité ! Mais, écrit ensuite Montanelli, l’opinion publique est tellement prise dans ce faux dilemme, ou la corruption ou le
communisme, qu’elle est devenue peu capable de réaction juste. Il donne à cela deux raisons : la peur du communisme,
qui est stupide parce que le communisme n’a plus sa force d’autrefois où il pouvait vraiment faire peur ; seconde raison, «
perché dopo tanti secoli che la pratichiamo, dietro l’esempio e sotto il magistero di nostra Santa Madre Chiesa,
ineguagliabile maestra d’indulgenze, perdoni e condoni, noi italiani siamo riusciti a corrompere anche la corruzione e a
stabilire con essa il rapporto di pacifica convivenza che alcuni popoli africani hanno stabilito con la sifilide, ormai diventata
nel loro sangue un’afflizioncella di ordine genetico senza più gravi controindicazioni. Ci siamo riusciti seguendo la più
semplice delle terapie: quella non di spegnere i roghi, ma di mandarci, insieme alle streghe e agli untori, anche i pompieri,
in modo da creare un tale viluppo di corpi, di anime e di responsabilità, che non consenta altra soluzione che l’assoluzione
» (« parce que, depuis tant de siècles que nous la pratiquons, en suivant l’exemple et sous le magistère de notre Sainte
Mère l’Église, inégalable maîtresse d’indulgences, de pardons et de remises de peines, nous les Italiens nous avons réussi
à corrompre même la corruption et à établir avec elle un rapport de paisible vie commune que quelques peuples africains
ont établi avec la syphilis, désormais devenue dans leur sang une petite affliction d’ordre génétique, sans de plus graves complications. Nous avons réussi en
suivant la plus simple des thérapies : ne pas éteindre les bûchers, mais y envoyer aussi les pompiers, avec les sorcières et les porteurs de peste, en sorte
que l’on crée un tel amas de corps, d’âmes et de responsabilités qu’il n’y a pas d’autre solution que l’absolution »).
Paroles terribles qui expliquent beaucoup de faits de notre réalité actuelle : seuls les communistes ne sont plus guère, mais la DC est bien vivante, elle a
même su prendre le pouvoir dans ce qui restait du PCI, le Parti Démocrate (PD) ! Lisez ce livre.
Rappelons qu’Indro Montanelli (1909-2001) fut un très grand journaliste depuis la fin des années ’30. Il fut antifasciste, commença ensuite sa carrière au
Corriere della Sera (il y entre dès 1938) dont il fut licencié en 1972 pour conflit avec la nouvelle directrice du journal, Giulia Maria Crespi, que Montanelli
jugeait trop à gauche. Il fonda ensuite le quotidien de droite Il Giornale où il présenta ses positions souvent originales et peu conformistes ; le journal fut
financé d’abord par la Montedison pendant trois ans, puis Silvio Berlusconi en devint propriétaire et Montanelli s’en sépare en 1998, après l’entrée de
Berlusconi sur la scène politique. Il fonde une revue qui dure peu, et il recommence à travailler librement pour le Corriere della Sera ; il refusa d’être nommé
sénateur à vie par Francesco Cossiga pour conserver son indépendance ; il termina sa carrière en étant très hostile à Berlusconi. Il avait été victime d’un
attentat des Brigades Rouges en 1977. La ville de Milan a donné son nom au Jardin Public de la Porta Venezia.
* * *
Au moment de boucler, nous arrive un e-mail d’un lecteur du site qui nous dit : « Mais la France et l’Italie ne sont-elles pas simplement dans une étape de
transition ? ». C’est vrai, mais transition entre quoi et quoi ? Ce qu’il y a avant, nous le savons : 50 ans de direction démocrate-chrétienne et socialiste
après 20 ans de fascisme, puis à partir de 1994 et après la liquidation du pouvoir DC puis socialiste, presque un « ventennio » de pouvoir de Berlusconi,
avec un petit intermède de « gauche » ; c’était une forme nouvelle de pouvoir fascisant, liquidée en 2013 par un pouvoir centriste, celui de Monti, Letta et
Renzi, des ex-DC ayant conquis la place de leaders de l’ancien parti communiste devenu PD (parti démocrate). Cette période n’est pas finie, et on ne sait pas
ce qui va advenir du PD en Italie et du PS en France. Vers quoi va-t-on ? Les populismes d’extrême-droite se profilent à l’horizon de plusieurs pays
européens dans une Europe elle aussi en phase de délitement ; mais dans les sociétés civiles, beaucoup de forces de défense des opprimés se développent
aussi, pas encore assez fortes et structurées pour peser sur le pouvoir politique, comme les association italiennes qui accueillent et intègrent les migrants au
lieu d’en avoir peur, les association féministes, les jeunes immigrés nés en Italie qui réclament une loi sur le droit du sol, etc. Allons-nous vers un triomphe de
ces forces ou vers un nouveau fascisme ? Pour le moment ce sont les anciennes forces de « droite » et de « gauche » qui se battent pour conserver leur
pouvoir, leurs revenus, leurs primes « d’absence » exorbitantes (les « vitalizzi » contre lesquels circule une pétition), etc. Observons et continuons à
combattre, même si on n’a pas trop d’illusions sur l’issue !
J.G., 16 mars 2017
8 marzo a Torino
Torino ha celebrato l’8 marzo con queste iniziative culturali :
•
Tutti i musei statali sono stati aperti gratuitamente alle donne :
l’Armeria reale, la Galleria Sabauda, Villa della Regina, il Museo di
Antichità, i Musei Reali, il Palazzo Carignano e il Palazzo Reale, nel
quale sono state aperte in via eccezionale le stanze della Regina
Elena.
•
Alla Fondazione Torino Musei, a Palazzo Madama, alla Galleria
d’Arte Moderna (Gam), al Museo d’Arti Orientali (Mao) e al Borgo
Medievale, per le donne l’ingresso è stato ridotto alla cifra simbolica
di 1 euro.
•
Anche al Museo Egizio le donne hanno potuto accedere con biglietto
ridotto e ad esse è stata proposta la visita guidata “La donna al
tempo dei faraoni”.
•
Alcuni cinema di Torino, poiché mercoledì 8 marzo era anche il
secondo mercoledì del mese, hanno partecipato all’iniziativa
Cinema2days, che dà la possibilità di vedere un film in tutti gli orari di
proiezione a soli 2 euro.
•
Al Circolo dei lettori alle ore 21 si è tenuta per “ Il filo di Arianna” una
performance artistica di improvvisazione pittorica e musicale con
poesie e parole.
•
Al Planetario Infini.to si è tenuta una conferenza spettacolo su Albert
Einstein e la moglie Mileva Maric.
•
L’agenzia Somewhere, che si occupa da anni di guidare alla
conoscenza della Torino segreta, inedita e misteriosa, ha organizzato
una visita guidata per la città alla scoperta dei segreti e delle vicende
delle grandi dame di Torino.
•
Allo Spazio211, che è oggi in Torino un interessante laboratorio
culturale e musicale e un luogo di sperimentazione libero dalle
logiche di moda e dal mercato imperante, si è allestito un meeting
artistico al femminile, cui hanno partecipato con le loro opere artiste
delle più diverse forme d’arte.
•
Al cinema Massimo , nell’ambito di Piemonte MoviegLocal Film
festival, è stato presentato in anteprima, come film di apertura della
manifestazione, il documentario della regista torinese Rossella
Schillaci e prodotto dalla torinese Indyca “ Ninna nanna prigioniera”.
Il film è stato girato all’interno della Casa Circondariale Lorusso e
Cutugno di Torino dove la regista ha ripreso per più di un anno.
L’opera affronta con tenerezza e responsabilità il tema della
maternità in carcere ed è un documento coinvolgente e straniante
sulla condizione di claustrofobia carceraria e allo stesso tempo
sull’energia vitale dell’infanzia. “Ninna nanna prigioniera” con l’8
marzo ha iniziato il suo tour di proiezioni in anteprima in Italia, che
precedono l’uscita nelle sale in primavera.
•
Al Borgo Medievale è stata proposta una visita guidata in costume
collegata al tema della donna nel medioevo : figlia, moglie, madre
…però talora anche strega, quando capace di competere per
competenze e ruoli con la figura maschile.
8 mars à Turin
Turin a célébré le 8 mars par ces initiatives culturelles :
•
- Tous les musées d’État ont été ouverts gratuitement aux femmes :
l’Armurerie royale, la Galerie Sabauda, Villa della Regina, le Musée
d’Antiquité, les Musées Royaux, le Palais Carignano et le Palais Royal,
dans lequel ont été ouvertes de façon exceptionnelle les chambres de la
Reine Hélène.
•
- À la Fondation Torino Musei, au Palais Madame, à la Galerie d’Art
Moderne (Gam), au Musée d’Arts Orientaux (Mao), et au Bourg Médiéval,
l’entrée a été réduite pour les femmes au chiffre symbolique de 1 euro
•
- Au Musée Égyptien également, les femmes ont pu accéder avec un billet à
prix réduit et on leur a proposé la visite guidée “La femme au temps des
pharaons”.
•
- Quelques cinémas de Turin, puisque mercredi 8 mars était aussi le second
mercredi du mois, ont participé à l’initiative Cinéma2days, qui donne la
possibilité de voir un film pour seulement 2 euros à toutes les heures de
projection.
•
- Au Cercle des lecteurs à 21 h, s’est tenue pour “Le fil d’Ariane” une
performance artistique d’improvisation picturale et musicale avec des
poésie et des paroles.
•
- Au Planétarium Infini-to s’est tenue une conférence-spectacle sur Albert
Einstein et sa femme Mileva Maric.
•
- L’agence Somewhere, qui s’occupe depuis des années de faire des visites
guidées pour la connaissance de la Turin secrète, inédite et mystérieuse, a
organisé une visite guidée dans la ville à la découverte des secrets et des
aventures des grandes dames de Turin.
•
- À l’Espace211, qui est aujourd’hui à Turin un laboratoire intéressant,
culturel et musical, et un lieu d’expérimentation libre par rapport aux
logiques de la mode et du marché dominant, un meeting artistique au
féminin a été organisé, auquel ont participé par leurs oeuvres des artistes
des plus diverses formes d’art.
•
- Au cinéma Massimo, dans le cadre de Piémont MoviegLocal Film, a été
présenté en avant-première, comme film d’ouverture de la manifestation, le
documentaire de la metteur en scène turinoise Rossella Schillacci et produit
par la turinoise Indyca “Berceuse prisonnière”. Le film a été tourné à
l’intérieur de la Casa circondariale Lorusso et Cutugno de Turino où la
metteur en scène a tourné pendant plus d’un an. L’oeuvre affronte avec
tendresse et responsabilité le thème de la maternité en prison et c’est un
document bouleversant et déchirant sur la condition de claustrophobie
carcérale et en même temps sur l’énergie vitale de l’enfance. “Berceuse
prisonnière” a commencé avec le 8 mars son tour de projections en avant-
première en Italie, qui précède la sortie en salle au printemps.
•
Au Bourg Médiéval a été proposée une visite guidée en costume liée au
thème de la femme au Moyen-Âge : file, épouse, mère … et quelquefois
aussi sorcière, quand elle fut capable d’entrer en compétition avec la figure
masculine par ses compétences et ses rôles.
2) Lo sciopero e il corteo
Anche Torino ha aderito allo sciopero internazionale contro la
violenza maschile sulle donne e contro tutte le forme di violenza di
genere.
Alcuni sindacati di base (Fra i quali USI, Cobas, Cub) e solo Cgil flc
hanno proclamato per la giornata lo sciopero generale di 24 ore, ma
lo sciopero del “Lotto marzo” è nato soprattutto da un percorso
reale, condiviso, costruito dal basso, nel territorio, sostenuto dal
comitato Non Una Di Meno, che ha rilanciato la mobilitazione con il
messaggio “ se le nostre vite non valgono, noi non produciamo e
scioperiamo ”.
Alle 16 il corteo colorato di nero e di fucsia si è concentrato in
piazza XVIII dicembre ( ex stazione Porta Susa) , poi è sfilato per
via Pietro Micca , piazza Castello via Po e si è concluso alla Gran
Madre.
E’ stato un evento con migliaia di donne, moltissime giovani, con
uomini, moltissimi giovani, unitario, trasversale, senza bandiere di
partiti, di sindacati, di movimenti. Unico, lo striscione del movimento
di resistenza NoTav, dietro il quale sfilavano soprattutto le mamme
e i bambini.
E’ stato un evento che ha centrato i contenuti degli striscioni e dei
cartelli, delle voci, dei canti e dei cori sui temi e sulle ragioni dello
sciopero :
* la violenza domestica e la mancanza di politiche strutturali che
affrontino il problema,
* la violenza del mercato e del debito che impongono salari da
fame, precarietà e disoccupazione, soprattutto per giovani e donne,
* la violenza delle politiche discriminatorie contro le donne
lesbiche, trans e queer (= l’ensemble des LGBT, hétérosexuels,
gays, bisexuels, transsexuels),
* la violenza e la criminalizzazione contro i/le migranti,
* la violenza delle istituzioni sui corpi delle donne per le
restrizioni del diritto di aborto, che sempre più spesso viene messo
in discussione da una sanità pubblica, laica e gratuita.
2) La grève et le cortège
Turin aussi a adhéré à la grève internationale contre la violence masculine sur
les femmes et contre toutes les formes de violence.
Quelques syndicats de base (parmi lesquels USI = Union Syndicale italienne,
Cobas = Comités de Base, Cub = Comité Unitaire de Base) et seulement la
CGIL-Flc (Fédération des Travailleurs de la Connaissance) ont proclamé la
grève générale de 24 heures pendant la journée, mais la grève de “Lotto
marzo” est née surtout d’un parcours réel en commun, construit à partir de la
base, dans le territoire, soutenu par le Comité Pas une de moins, qui a
relancé la mobilisation par le message “si nos vies ne valent rien, nous ne
produisons pas et nous faisons la grève”.
À 16h, le cortège coloré de noir et de fuschia s’est concentré place du XVIII
dicembre (ex gare de Porta Susa), puis il a défilé dans la rue Pietro Micca,
Piazza Castello, via Po, et s’est achevé à la Gran Madre.
Cela a été un événement avec des milliers de femmes, de très nombreuses
jeunes, avec des hommes, très nombreux jeunes, unitaire, tranversal, sans
drapeaux de partis, de syndicats, de mouvements. Il y avait seulement la
banderole du mouvement de résistance NoTav, (Pas de Train à Grande
Vitesse) derrière laquelle défilaient surtout des femmes et des enfants.
Cela a été un événement qui a centré les contenus des banderoles et des
panneaux, des voix, des chantss et des choeurs sur les thèmes et sur les
raisons de la grève :
* la violence domestique et le manque de politiques structurelles qui
posent le problème,
* la violence du marché et de la dette qui imposent des salaires de famine,
la précarité et le chômage, surtout pour les jeunes et les femmes,
* la violence des politiques discriminatoires contre les femmes lesbienne,
trans et queer,
* la violence et la criminalisation contre les migrantes et les migrants,
* la violence des institutions sur les corps des femmes, par les restrictions
du droit d’avortement, qui toujours plus souvent et mis en discussion par une
santé publique, laïque et gratuite.
Fragile, opulenta donna,
matrice del paradiso
sei un granello di colpa
anche agli occhi di Dio
malgrado le tue sante guerre
per l’emancipazione.
Spaccarono la tua bellezza
e rimane uno scheletro d’amore
che però grida ancora vendetta
e soltanto tu riesci
ancora a ancora a piangere,
poi ti volgi e vedi ancora i tuoi figli,
poi ti volti e non sai ancora dire
e taci meravigliata
e allora diventi grande come la terra
e innalzi il tuo canto d’amore.