2.3. L’actualité sociale : ouverture de l’Expo de Milan
À propos de l’Expo de Milan
L’Expo de Milan vient d’ouvrir au public, jusqu’au 31 octobre 2015. Si vous ne pouvez pas y aller, vous pouvez en avoir une idée en
consultant sur le site officiel de l’expo la visite « virtuelle en 3D et à 360° » en tapant ces derniers mots sur un des nombreux sites
d’internet. Vous n’y verrez pas tout, et en particulier il faut chercher ailleurs par exemple des informations sur le stand de Slow Food, un
des stands les plus intéresssants à voir. Nous y reviendrons.
En attendant, nous avons demandé à notre ami Gianni Siviero, qui habite Milan, de nous envoyer ses réactions sur la création et
l’existence de cette Expo et sur les manifestations qu’elle a suscitées. Voilà sa réponse du 15 mai 2015.
(Sur Gianni Siviero, «
cantautore » de Milan, voir notre Histoire de la chanson italienne, vol. III, p. 27).
J.G.
Notes complémentaires :
« Comment nourrir la planète ? Pendant six mois, l’Exposition universelle, qui ouvre ses portes vendredi 1 mai, à Milan, confrontera les
propositions de 140 pays participants. Le défi est immense. En 2050, la planète comptera 9 milliards d’humains, près de 2 milliards de
plus qu’aujourd’hui. Or, chaque année déjà, 805 millions de personnes sont en proie à la faim. Le défi est d’autant plus grand que le
changement climatique accroît la vulnérabilité de l’agriculture. Sécheresses, pluies de plus en plus irrégulières, inondations, perturbation
des écosystèmes, cyclones plus fréquents affaiblissent un peu plus les zones tropicales déjà très vulnérables. Selon le Programme des
Nations unies pour le développement, d’ici à 2080, ce sont 600 millions de personnes supplémentaires chaque année qui pourraient
souffrir d’insécurité alimentaire sous l’effet du changement climatique » (Laetitia Van Eeckhout, Le Monde, 30 avril 2015).
Coût de l’Expo = près de 3 milliards d’euros entre argent public (1,2 milliards), sponsoring (350 millions), investissements privés (300
millions), États participants (1 milliard).
Coût des terrains de Rho et Pero, les deux communes sur lesquelles est installée l’Expo = estimé entre 20 et 25 millions d’euros au
départ, finalement payé plus de 146 millions d’euros.
Coût du pavillon italien = passé de 60 millions à 90 millions d’euros.
Histoire de l’Expo : 2006 - la maire de Milan, Letizia Moratti (Forza Italia, maire de 2006 à 2011, proche de Berlusconi), avec le
soutien de la Région et du gouvernement Prodi (Centre gauche), pose la candidature de Milan pour l’organisation de l’Exposition
Universelle ; 6 millions d’euros sont dépensés en campagne de communication ; 6 avril 2008 : la candidature est acceptée, les
Milanais triomphants manifestent leur joie : les promesses sont de planter 50.000 arbres, d’organiser des kms de pistes cyclables,
d’ouvrir de nouvelles lignes de métro, de rouvrir à la navigation les anciens canaux (les « navigli ») fermés et transformés en rues, de
créer 70.000 emplois, etc. Trois ans passent en magouilles financières, opérations de corruption pour obtenir les travaux (en 2008,
Berlusconi est revenu au pouvoir, et c’et le début de la crise économique) ; en 2011, Letizia Moratti est battue aux élections
municipales et remplacée par un maire de centre gauche, Giuliano Pisapia, qui modifie le projet. Trois responsables se succèdent à la
tête du projet, pour arriver finalement à l’actuel, Giuseppe Sala. Le 20 mars 2014, les carabiniers viennent arrêter trois hommes
d’affaires soupçonnés d’avoir favorisé des entreprises amies, Gianstefano Frigerio, ancien député de Forza Italia, Primo Greganti, ancien
responsable du Parti Démocrate, déjà compromis dans l’opération « Mani pulite » en 1992, et Angelo Paris, responsable des contrats
et directeur des travaux de l’Expo. L’Autorité Nationale Anti Corruption (Anac) doit intervenir, sous la directions d’un magistrat intègre,
Raffaele Cantone, qui épluche tous les nouveaux appels d’offres, mais ne peut pas revenir sur les 474 millions d’euros de travaux déjà
réalisés. La précédente Expo universelle organisée à Milan datait de 1906.
Quand on démolira l’Expo en novembre 2015, on ne conservera que le pavillon italien. Et restera l’Anac ! Comme dit Laetitia Van
Eeckhout, « elle peut toujours servir : Rome est candidate à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 ! ».
Deux grandes perspectives s’opposent sur l’avenir de la planète et la possibilité de nourrir 9 milliards d’habitants en 2050 : pour la
plupart des pays concernés par la faim, il convient de développer la polyculture écologique et la rotation des cultures, dans les
petites entreprises locales, lutter contre les espèces invasives et stimuler la fertilité des sols sans utiliser les engrais chimiques et les
pesticides, ne pas accepter les OGM qui ne peuvent jamais résister à la sécheresse, gros problème de demain (changement climatique),
etc. : c’est le pari d’une agriculture « climato-intelligente ». Mais pour les multinationales comme Monsanto, il faut augmenter la
production par la monoculture, le développement des OGM, l’utilisation des pesticides (qu’elles fabriquent et vendent, et avec
lesquels elles augmentent leurs bénéfices). Le débat est entre ces deux tendances, mais tout est fait pour favoriser la politique des
multinationales, et pour qu’on ne parle pas trop des autres solutions proposées.
Les « No Expo » avaient organisé le 1er mai une grande manifestation pacifique, dans une atmosphère joyeuse, en se déguisant et
en faisant de la musique ; la manifestation a rassemblé trente mille personnes. Silvia Franco a bien expliqué leur point de vue dans Il
fatto Quotidiano du 3 mai 2015 : 1) Actuellement, plus de 80% des produits consommés par les pays non industrialisés vient de petites
entreprises agroalimentaires (chiffres de la FAO), tandis que les multinationales ne fournissent que 8% de la nourriture mondiale, « mais
c’est sur la base de ces 8% que l’on décide si un produit alimentaire est sain ou non, quelles sont les règles sanitaires à respecter et tant
d’autres normes cousues sur un modèle de production industrielle, et non sur un modèle de petites dimensions. Un modèle, – il faut le
dire –, qui peut aussi nous tranquilliser, mais qui, à cause de la rigidité de quelques règles, des coûts et de la bureaucratie, empêche
souvent le petit producteur d’avoir accès au marché malgré les qualités de ses produits. L’équation est vite faite : c’est un marché qui
encourage les grands groupes agroalimentaires aux dépens des producteurs locaux ». 2) L’Expo va donc, dans ces conditions, favoriser
les organismes plus puissants comme Monsanto, Coca Cola ou McDonalds qui militent par ailleurs pour l’accord de libre-échange entre
l’Europe et les USA, le TTIP, en cours de discussion mondiale. Sous couvert de « nourrir la planète », l’Expo ouvre ses portes à
Monsanto qui inonde la planète de pesticides et est responsable d’une destruction de la santé des cultivateurs et des usagers, ou
comme McDonalds qui favorise le développement d’élevages intensifs et contribue largement à développer une maladie comme
l’obésité. Est-ce cela « nourrir la planète » ? Les « No Expo » ont critiqué aussi les conditions de travail de ceux qui ont contribué à la
construction des pavillons, en particulier l’utilisation de bénévoles et de travailleurs immigrés mal ou pas payés.
Silvia France reste cependant « Expo optimiste », du fait des succès remportés par la lutte de nombreux pays pour un autre
développement de leur agriculture, selon d’autres systèmes productifs que l’industrialisation à outrance et la monoculture.
Pour Carlo Petrini, fondateur du mouvement écologiste et gastronomique Slow Food, l'Expo risque de ressembler davantage à"une
belle kermesse" qu'à un lieu de débat sur les difficiles problématiques liées à l'agriculture et à l'alimentation dans le monde. "Les
nouvelles technologies informatiques nous permettent d'avoir tout ce que nous voulons. Ce qui manque est un rapport de relation, de
politique, de culture, d'engagement", déplore-t-il. Slow Food a malgré ces réserves décidé de participer à l'Expo où elle défendra la
biodiversité dans un petit pavillon.
Sur le même quotidien, Marco Venturini remarque de son côté, le 3 mai 2015, que pour laisser croire à une Expo favorable à une
agriculture bio, Matteo Renzi, au début de son discours d’inauguration de l’Expo, avait transformé l’Hymne de Mameli qui disait « L’Italia
s’è desta, siam pronti alla morte », en : « L’Italia s’è desta, siam pronti alla vita ». Venturini analyse de façon intéressante cette
transformation qui veut dissimuler la domination dans l’Expo des grandes multinationales et de leur puissance de marketing.
Quant aux « Black Bloc », ces petits groupes d’anarchistes en cagoule et vêtus de noir (sans oublier, peut-être, quelques provocateurs
d’extrême-droite…), qui ont saccagé des vitrines et des voitures lors de la manifestation du 1er mai, il ne suffit sans doute pas de les
qualifier de « casseurs » comme les a appelés Matteo Renzi, mais il faut analyser sérieusement ce qu’ils sont. Héritiers des
mouvements allemands des années ’70 et ’80, ou des Brigades Rouges italiennes, ils estiment que l’État capitaliste agit contre le peuple
par la violence policière et militaire, et qu’il faut donc à la fois protéger les militants « pacifistes » de la violence d’État et agresser
violemment les symboles du capitalisme, d’où les bris de vitrines (de banques en priorité) et de voitures, et la violence exercée contre les
policiers. C’est une stratégie politique délibérée qui est appliquée, il faut l’analyser à ce niveau. Ils pensent par là entraîner les masses
vers la révolution. L’expérience montre qu’ils se sont trompés, comme l’ont reconnu après coup les fondateurs des Brigades Rouges ;
mais là aussi, c’est par le débat politique et pas par la seule répression policière que l’on règlera le problème, et par la recherche de
solutions réelles aux problèmes du monde actuel (en l’occurrence celui de « nourrir la planète ») ; le Préfet de police de Milan l’a très
bien compris, qui a imposé à ses policiers de ne pas répondre aux provocations des Black Bloc et de ne pas créer d’incidents,
moyennant quoi, la violence s’est arrêtée quelques moments après ; il ne suffit pas de faire des discours, comme le font la plupart des
dirigeants actuels de droite (et de gauche la plupart du temps), tout en passant le maximum de compromis avec les forces qui détruisent
la planète au nom de leurs intérêts et de leur appétit d’argent.
J.G. 17 mai 2015
L’Expo in bottiglia
Jean, un caro amico francese che credo ami molto l’Italia
soprattutto per le qualità che gli italiani non sanno di
avere, mi chiede che cosa penso dell’Expo e di ciò che vi
accade intorno, plauso e contestazioni inclusi, dandomi
così l’occasione per riprendere a gettare bottiglie in mare.
Confesso che non mi è facile accontentarlo, in parte
perché sono fermamente deciso a non mettere piede
all’interno dell’immenso recinto, e molto perché, a suo
tempo, sono stato altrettanto decisamente contrario alla
candidatura della mia città a questo evento.
Contrario per tre motivi.
Il primo è che non credo che per parlare di un argomento
così serio qual è la necessità di nutrire il mondo, e
soprattutto per pensare a come risolverlo, sia utile e
necessario investire una valanga di quattrini in una
enorme fiera campionaria enogastronomica a uso di chi
ha i soldi per frequentarla.
Il secondo è che una città ricca, votata al commercio, alla
moda e al design come Milano, non può, e a mio avviso
non sa, affrontare un argomento tanto serio con la dovuta,
rispettosa sobrietà: se fossi un povero abitante del
pianeta afflitto da denutrizione credo che mi sentirei
pesantemente offeso da tanto rutilante spreco di denaro.
Il terzo è che in quest’era di comunicazione globale e
istantanea, in questo mondo in cui tutto, ma proprio tutto,
dalla targa della mia auto al numero di telefono di
Gorbaciov, è alla portata di chiunque abbia interesse a
conoscerlo e possieda un minimo di dimestichezza con
mouse e tastiera, non vedo che utilità vera abbia una fiera
di queste dimensione, e di questo costo: chi desidera
essere informato lo è, punto.
Non mancano le sedi internazionali nelle quali il mondo,
ricco e non ricco, dovrebbe confrontarsi, seriamente e
lontano dai riflettori, su come porre rimedio alla disumana
condizione di chi non ha di che nutrirsi contrapposta a
quella di chi, come noi, intasa le pattumiere di cibo
sprecato, e, già che c’è, interrogarsi davvero sul modo di
evitare che la fame, quella vera, non finisca per
abbracciarci tutti, in un futuro non lontano.
Ero contrario all’Expo, dicevo, ma, una volta persa la
battaglia sul farla o non farla, non vedo che utilità ci sia a
continuare a percorrere la città urlando che “io non la
voglio”: lo sanno, e la cosa non interessa né alla politica
né agli operatori commerciali internazionali che si sono
comperati una vetrina nell’enorme supermercato.
Dei fracassatori di automobili e vetrine non è neppure il
caso di parlare: sono a mio parere assimilabili alla
teppaglia violenta che riempie gli stadi solo perché lì ci si
può esprimere al massimo livello di bestialità; calcio,
Expo, G8 o TAV, sono solo pretesti, occasioni fornite su
un vassoio d’argento sia a loro che alla stampa, ai
telegiornali e all’opposizione di turno.
Sarà il caso che i vari movimenti smettano di atteggiarsi a
vittime, e si interroghino davvero sulle loro responsabilità:
senza la connivenza dei trentamila manifestanti “pacifici”
non c’è spazio fisico o ideologico per cinquecento
delinquenti.
Anche nelle manifestazioni operaie di tanti anni fa i
provocatori c’erano, ma finivano male.
E veniamo a Milano, alla città e ai suoi abitanti, a che
cosa accade attorno al Grande Evento, atteso da tutti
come momento di rilancio dell’economia, come momento
magico capace di farsi perdonare gli innumerevoli
cantieri, i “disagi temporanei” durati anni, gli investimenti
di denaro pubblico forieri di un radioso avvenire: bene, i
cantieri sono ancora aperti, i disagi sono diventati
permanenti, i commercianti e i ristoratori si lamentano
come da copione.
Tutto normale, semplicemente nessuno aveva capito che
l’Expo si svolge in realtà tutta dentro il recinto perché è un
evento autoreferenziale, all’interno del quale tutto accade
e tutto si consuma: con l’esclusione di albergatori e b&b,
per ironia della sorte sottrarrà clienti e frequentatori anche
alla città che tanto l’ha atteso e voluto.
Se ricaduta ci sarà, per Milano o per l’Italia, sarà perché
un cinese, o un lettone piuttosto che un nigeriano, venuto
fin qui per l’Expo, magari con moglie e figli, difficilmente
non ne approfitterà per vedere anche la Cappella Sistina,
la Valle dei Templi, Palazzo Vecchio o il Duomo e il
Castello Sforzesco, o anche solo per acquistare in un
outlet qualsiasi del design o della moda qualche cosa da
riportare a casa per ricordo, o da copiare.
A noi resteranno senza dubbio delle strade risistemate,
dei tratti di metropolitana che verranno terminati prima o
poi, un nuovo agglomerato urbano irto di guglie
incongrue, anche se bello da vedere, una grande quantità
di palazzi di lusso sfitti, o venduti o affittati ai nuovi ricchi
del pianeta, russi, cinesi, arabi e via elencando.
Non so se è quello che ti aspettavi che ti dicessi, caro
Jean, ma è ciò che onestamente mi sento di dirti,
sperando sinceramente che i fatti mi diano torto
L’Expo en bouteille
Jean, un cher ami français dont je crois qu’il aime beaucoup l’Italie,
surtout pour les qualités dont les Italiens ne savent pas qu’ils les ont, me
demande ce que je pense de l’Expo et de ce qui se passe autour,
applaudissements et contestations inclus, me donnant ainsi l’occasion
de recommencer à jeter des bouteilles à la mer.
J’avoue qu’il ne m’est pas facile de lui donner satisfaction, en partie
parce que je suis fermement décidé à ne pas mettre un pied à l’intérieur
de l’immense enceinte, et sutout parce que, en son temps, j’ai été aussi
décidément opposé à la candidature de ma ville à l’organisation de cet
événement.
Opposé pour trois raisons.
La première est que je ne crois pas que pour parler d’un sujet aussi
sérieux que la nécessité de nourrir le monde et surtout pour penser
comment y répondre, il soit utile et nécessaire d’investir une avalanche
d’argent dans une énorme foire énogastronomique à l’usage de ceux qui
ont des sous pour la fréquenter.
La seconde est qu’une ville riche, vouée au commerce, à la mode et au
design comme Milan, ne peut pas, et à mon avis ne sait pas, affronter un
sujet si sérieux avec la sobriété respectueuse nécessaire : si j’étais un
habitant pauvre de la planète affligé de dénutrition, je crois que je me
sentirais lourdement offensé par tant de rutilant gaspillage d’argent.
La troisième est que, dans cette ère de communication globale et
instantanée, dans ce monde où tout, mais vraiment tout, de la plaque
d’immatriculation de ma voiture jusqu’au numéro de téléphone de
Gorbatchev, est à la portée de n’importe qui veut les connaître et qui
possède un minimum de familiarité avec sa souris et son clavier, je ne
vois pas quelle utilité véritable a une foire de cette dimension, et de ce
coût : celui qui veut être informé peut l’être, un point c’est tout.
Il ne manque pas de sièges internationaux dans lesquels le monde,
riche ou pas riche, devrait se confronter sérieusement et loin des
projecteurs, sur comment apporter un remède à la condition inhumaine
de ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir, en opposition à celle de ceux
qui, comme nous, engorgent leurs poubelles de nourriture gaspillée, et,
pendant qu’on y est, s’interroger vraiment sur la façon d’éviter que la
faim, la vraie, ne nous atteigne pas tous, dans un futur pas très éloigné.
J’étais opposé à l’Expo, disais-je, mais une fois la bataille perdue sur le
fait de la faire ou de ne pas la faire, je ne vois pas quelle est l’utilité de
continuer à parcourir la ville en hurlant “Je ne la veux pas” : on le sait, et
la chose n’intéresse ni la politique ni les agents commerciaux
internationaux qui se sont acheté une vitrine dans cet énorme
supermarché.
Des casseurs de voitures et de vitrines il ne vaut même pas la peine de
parler : ils sont à mon avis assimilables à la racaille violente qui remplit
les stades simplement parce que là on peut s’exprimer au plus haut
niveau de bestialité ; football, Expo, G8 ou TAV (Train à grande vitesse),
ne sont que des prétextes, des occasions fournies sur un plateau
d’argent tant à eux qu’à la presse, aux journaux télévisés et à
l’opposition du moment.
Ce sera le moment que les divers mouvements cessent de se poser en
victimes, et s’interrogent vraiment sur leurs responsabilités : sans la
connivence des trente mille manifestants “pacifiques”, il n’y a pas de
place physique ou idéologique pour cinq cents délinquants.
Dans les manifestations ouvrières d’il y a de nombreuses années, il y
avait aussi des provocateurs, mais ils finissaient mal.
Et venons-en à Milan, à la ville et à ses habitants, à ce qui se passe
autour du Grand Événement, attendu par tous comme un moment de
relance de l’économie, comme un moment magique capable de se faire
pardonner les innombrables chantiers, les “inconvénients temporaires”
qui ont duré des années, les investissements d’argent public porteurs
d’un radieux avenir : bien, les chantiers sont encore ouverts, les
inconvénients sont devenus permanents, les commerçants et les
restaurateurs se lamentent comme pour un scénario de film.
Tout est normal, simplement persone n’avait compris que l’Expo se
déroule en réalité tout entière à l‘intérieur de l’enceinte, parce que c’est
un événement autoréférentiel, à l’intérieur duquel tout se passe et tout
se consomme : avec l’exclusion des restaurateurs et des B&B, et par
ironie du sort, l’Expo prendra des clients et des utilisateurs même à la
ville qui l’a tant attendue et voulue.
S’il y a des retombées, pour Milan et pour l’Italie, ce sera parce qu’il sera
difficile qu’un chinois, ou un letton, –plutôt qu’un nigérian –, venu ici pour
l’Expo, éventuellement avec femme et enfants, n’en profite pas pour voir
aussi la Chapelle Sixtine, la Vallée des Temples, Palazzo Vecchio et le
Castel Sforzesco, ou même pour acheter dans un outlet quelque objet
du design ou de la mode, quelque chose à rapporter chez lui, pour avoir
un souvenir, ou pour le copier.
Il nous restera sans doute des rues réaménagées, des lignes de métro
qui seront terminees un jour ou l’autre, une nouvelle agglomération
urbaine hérissée d’aiguilles incongrues, même si elles sont belles à voir,
une grande quantité d’immeubles de luxe laissés libres, ou vendus ou
loués aux nouveaux riches de la planète, russes, chinois, arabes et ainsi
de suite.
Je ne sais pas si c’est ce que tu t’attendais que je dise, mon cher Jean,
mais c’est ce que, honnêtement, je me sens de te dire, en espérant
sincérement que les faits me donnent tort.
Gianni Siviero, 15 mai 2015 (Trad. : J.G.).
Le pavillon italien,
l’arbre de la vie.
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