Poésie en musique - chapitre 38
Chapitre 38
Cesare Pavese
Cesare Pavese est probablement le poète du XXe siècle qui a connu le plus grand nombre d’interprétations lues ou chantées, simplement parce qu’il est un des
plus grands de l’histoire littéraire italienne. Il est aussi un des premiers traducteurs à avoir introduit en Italie la
littérature anglo-américaine ; son journal, Il mestiere di vivere, diario 1935-1950, a une importance comparable
au Zibaldone de Leopardi, etc.
Né le 9 septembre 1908 à Santo Stefano Belbo, dans les Langhe (Piémont), au sud de Turin, dernier de cinq
enfants dont seuls survivent sa sœur Maria et lui. Son père (image à droite), fils de petits agriculteurs, est
greffier au Palais de Justice de Turin ; sa mère (image à gauche) vient d'une riche famille de commerçants de
Vercelli. Pavese fait ses études primaires dans les Langhe (où il retournera toujours, paysage mythique de son
enfance), puis à Turin.
Il fait ses études secondaires à Turin. La mort de son père d’un cancer au cerveau en 1914 sera une des causes
de ses troubles psychiques. Il est élevé de façon rigide par sa mère, et souvent confié à des nourrices. Il se lie
au Lycée avec ceux qui formeront la génération de la Résistance antifasciste de Turin (Massimo Mila, Mario
Sturani, Norberto Bobbio, Leone Ginzburg, Guido Hess, Gian Carlo Pajetta, Vittorio Foa, Davide Lajolo ...), marqués par l'enseignement
de celui qui fut leur maître, Augusto Monti (1881-1966 - image ci-contre), professeur de lettres et de latin, laïc antifasciste acharné, ami de ces
jeunes intellectuels, d’Antonio Gramsci et de Piero Gobetti (1901-1926), dont il participe à la revue « Rivoluzione liberale ». Pavese est
passionné de littérature et écrit ses premiers vers. Il découvre la littérature anglo-américaine et travaille le slang américain avec un jeune musicien
italo-américain connu à Turin..
Perturbé par le suicide de son meilleur ami de lycée, Elico Baraldi, Pavese pense aussi au suicide après avoir connu une première déception
sentimentale avec une chanteuse de cabaret, Milly (1905-1980), qu'il a attendue en vain un soir jusqu'à minuit, ce qui lui vaut une pleurésie qui le
tient éloigné de l'école pour trois mois. En 1926, après son baccalauréat, il s'inscrit à la Faculté de Lettres et Philosophie de Turin où il passe sa «
laurea » (maîtrise) en 1932 avec une « tesi » (mémoire de maîtrise) Sur l'interprétation de la poésie de Walt Whitman, d'abord refusée par
l'Université pour son orientation jugée antifasciste puis passée grâce à l'appui de Leone Ginzburg (1909-1944). Il a appris seul l'anglais. Il
commence à collaborer à la revue « La cultura » où il publie ses premiers essais sur la littérature américaine et ses premières traductions dont
celle de Moby Dick de Melville. Sa mère meurt en 1930, et il va vivre chez sa sœur Maria où il restera jusqu'à sa mort, vivant de remplacements, de leçons
particulières et de ses traductions (n'étant pas inscrit au Parti fasciste, il ne peut pas passer de concours d'enseignement). Il écrit les poésies de Lavorare stanca et
publie des traductions de Sinclair Lewis, Melville, Sherwood Anderson, Joyce, Dos Passos. En 1933, il participe à la création de la
maison d'édition Giulio Einaudi, avec le groupe des intellectuels antifascistes turinois. En 1934, il remplace à la direction de « La cultura »
Leone Ginsburg arrêté par la police fasciste pour sa participation au mouvement de résistance « Giustizia e Libertà ». Il est lui-même arrêté
en 1935 pour avoir détenu une lettre d'Altiero Spinelli (1907-1986) incarcéré à Rome pour antifascisme. Après quelques mois de prison, il
est condamné à 3 ans de relégation (« confino ») en Calabre. Il y apprend que la femme qu'il aimait, « la donna dalla voce rauca » (la
femme à la voix rauque), Tina Pizzardo (1903-1989 -image à droite), s'est mariée à Rome. Il revient à Turin en 1936 ; la publication de
Lavorare stanca n'a pas de succès. C'est la période de plus grande crise de Pavese. Il reprend ses traductions (Dos Passos, Steinbeck,
Gertrude Stein, Dickens, Defoe, Dawson, Melville, Trevelyan), écrit ses premiers romans et commence la rédaction
de son Journal (Il mestiere di vivere). En 1941, Pavese publie Paesi tuoi qui le signale à la critique ; les autres récits de
cette période seront publiés après sa mort sous le titre de Notte di festa. Il traduit pour Mondadori Christopher Morley
et Faulkner. Entre 1943 et 1944, réformé pour asthme, il se réfugie dans les Langhe chez sa sœur, pendant que ses
camarades rejoignent la résistance armée. La solitude de ces années de guerre civile lui inspirera La casa in collina.
C’est là qu’il apprend aussi la mort de son ami Leone Ginzburg, sous la torture nazie.
Après la Libération, il rentre à Turin, adhère au Parti Communiste Italien et collabore à son quotidien « l'Unità » où il retrouve Italo Calvino,
il est frappé par la mort de nombreux amis dans la lutte antifasciste tandis que lui s’était concentré sur son écriture et ses traductions. De
cette période date aussi son amitié amoureuse avec Fernanda Pivano (1917-2009 - image à gauche) que, par deux fois, il demande en vain
en mariage. Les débuts de sa réflexion sur le mythe remontent au début de 1940 et les premiers résultats paraissent en 1946 dans Feria
d'agosto (Vacances d'août), complétés en 1947 par les Dialoghi con Leuca (Dialogues avec Leuca), publiés en même temps que son roman Il
compagno (Le camarade). Il devient Directeur de la collection ethnologique des éditions Einaudi, et à Rome éprouve un nouvel amour sans
réponse pour Bianca Garufi (1918-2006), pour laquelle il écrit le Dialoghi con Leucò (Leucò, Leucotea étant la forme grecque archaïque de
Bianca), et avec laquelle il écrit un roman à quatre mains, Fuoco grande, publié en 1959.
En 1947, il collabore avec Ernesto De Martino (1908-1965) dans la publication d’une Collection d’études religieuses, anthropologiques et
ethnologiques, qui fit connaître à la culture italienne Jung, Frobenius, Malinowski, Propp, Lévy-Bruhl…
Il s'éprend en 1949 de l'actrice américaine Constance Dowling (1920-1969 - image à droite), qui ne répond pas à son amour et retourne
bientôt en Amérique pour obtenir un rôle à Hollywood, et Pavese retourne dans sa campagne natale. Un de ses articles sur le mythe paru
dans la nouvelle revue « Cultura e Realtà » suscite de vives critiques dans les milieux de la gauche marxiste dans lesquels il milite, mais il
apparaît comme dissident et ne reprend pas sa carte du PCI en 1950. Pour Constance Dowling il écrit La luna e i falò (La lune et les feux de
joie) qui lui vaut le prix Strega, et ses dernières poésies, Verrà la morte e avrà i tuoi occhi ((La mort viendra et elle aura tes yeux), de
mars/avril 1950 qui sont publiées après la mort de l'auteur. Malgré une nouvelle relation amoureuse avec Romilda Bollati, Pavese se suicide
le 27 août 1950 dans sa chambre d'hôtel de Turin en avalant des barbituriques. Il avait conclu son Journal (Le métier de vivre, retrouvé après
sa mort et publié en 1952) le 18 août par ces mots : « Tutto questo fa schifo. Non parole. Un gesto. Non scriverò più » (Tout cela me dégoûte.
Pas de mots. Un geste. Je n'écrirai plus). Recherche passionnée à la fois d'une façon d'être au monde et d'une technique poétique. Il fut un grand écrivain,
traducteur, initiateur à la littérature anglo-américaine, critique, analyste du mythe.
L'ensemble des essais et des travaux sur le mythe est publié en 1951 par Einaudi sous le titre La littérature américaine et autres essais. La plupart des œuvres de
Pavese sont publiées en traduction française chez Gallimard.
Cesare Pavese è forse il poeta del Novecento che ha conosciuto il massimo d’interpretazioni lette o cantate, semplicemente perché è uno dei
maggiori della storia letteraria italiana. È anche uno dei primi traduttori che abbiano
introdotto in Italia la letteratura anglo-americana : il suo diario, Il mestiere di vivere 1935-
1950, ha un’importanza paragonabile allo Zibaldone di Leopardi…
Nato il 9 settembre1908 a Santo Stefano Belbo, nelle Langhe (Piemonte, prov. di Cuneo), a
sud di Torino, ultimo di 5 figli di cui sopravvissero soltanto lui e sua sorella, Maria. Suo
padre, figlio di piccoli agricoltori, è cancelliere al Palazzo di Giustizia di Tornino ; sua madre
viene da una ricca famiglia di commercianti della regione. Pavese segue la scuola
elementare nelle Langhe (dove ritornerà sempre, è il paesaggio mitico della sua infanzia),
poi a Torino.
Liceo Massimo D’Azeglio di Torino
Segue poi il Liceo moderno (senza greco) a Torino. La morte del padre di un cancro al
cervello nel 1914 sarà una delle cause dei suoi problemi psichici. È educato in modo rigido da sua madre, e
spesso affidato a balie. Al Liceo, si lega con quelli che formeranno la generazione della Resistenza antifascista
di Torino (Massimo Mila, Mario Sturani, Norberto Bobbio, Leone Ginzburg, Guido Hess, Gian Carlo
Pajetta, Vittorio Foa, Davide Lajolo…), segnati dall’insegnamento di quello che fu il loro maestro, Augusto Monti (1881-1966), professore di lettere e di latino,
laico antifascista accanito, amico di quei giovani intellettuali e di Piero Gobetti (1901-1926), di cui partecipa alla rivista « La rivoluzione liberale ». Pavese è
appassionato di letteratura e scrive i suoi primi versi. Scope la letteratura anglo-americana e lavora lo slang americano con un giovane musicista itamo-americano
conosciuto a Torino.
Sconvolto dal suicidio del suo migliore amico di liceo, Elico Baraldi, Pavese pensa anche lui al suicidio, dopo aver conosciuto una prima delusione amorosa con
una cantante di rivista, Milly (1905-1980), che lui ha aspettata invano una sera fino a mezzanotte, il che gli vale una pleurite e lo lascia assente dal liceo per tre
mesi. Nel 1926, dopo la sua maturità, si iscrive alla Facoltà di Lettere e Filosofia di Torino, dove passa la laurea nel 1932 con una tesi Sull’ interpretazione della
poesia di Walt Whitman, prima rifiutata dall’Università per il suo orientamento giudicato troppo crociano e antifascista, poi passata grazie
all’appoggio di Leone Ginzburg (1909-1944). Ha imparato l’inglese da solo. Comincia a collaborare con la rivista « La cultura » dove
pubblica i suoi primi saggi sulla letteratura americana e le sue prime traduzioni tra cui quella di Moby Dick di Melville. Sua madre muore
nel 1930, e egli va a vivere dalla sorella Maria dove rimarrà fino alla morte, vive di supplenze, di lezioni private e di traduzioni (non era
iscritto al Partito Fascista e non poteva dunque presentarsi ai concorsi d’insegnamento). Scrive le poesie di Lavorare stanca e pubblica
traduzioni di Sinclair Lewis, Melville, Sherwood Anderson, Joyce, Dos Passos, Dickens… Nel 1933 partecipa alla creazione della
casa editrice Giulio Einaudi, col gruppo degli intellecttuali antifascisti torinesi. Nel 1934 sostituisce alla direzione di « La cultura »
Leone Ginzburg arrestato dalla polizia fascista per la sua partecipazione al movimento di resistenza Giustizia e Libertà. Anche lui è
arrestato nel 1935 per aver detenuto una lettera d’Altiero Spinelli (1907-1986) incarcerato a Roma per antifascismo. Dopo alcuni mesi
di carcere, è condannato a tre anni di confino in Calabria. Qui è informato che la donna che amava, « la donna dalla voce rauca »,
Tina Pizzardo (1903-1989) si è sposata a Roma.
Torna a Torino nel 1936 ; la pubblicazione di Lavorare stanca non ha successo. È per Pavese il momento di maggiore crisi. Riprende il
lavoro di traduttore (Dos Passos, Steinbeck, Gertrude Stein, Dickens, Defoe, Dawson, Melville, Trevelyan), scrive i primi romanzi
e comincia la redazione del suo diario (Il mestiere di vivere). Nel 1941, Pavese pubblica Paesi tuoi che lo fa notare dalla critica ; gli altri
racconti di quel periodo saranno pubblicati dopo la sua morte sotto il titolo di Notte di festa. Per Mondadori, traduce Christopher
Morley et Faulkner. Tra il 1943 e il 1944, è dispensata della leva militare per asma di origine nervosa, si rifugia nelle Langhe a casa della sorella, mentre i suoi
compagni ragiungono la resistenza armata. La solitudine di quegli anni di guerre gli ispira La casa in collina. Qui è informato della morte dell’amico Leone
Ginzburg, morto sotto la tortura dei nazisti.
Dopo la liberazione, torna a Torino, dà l’adesione al Partito Comunista Italiano e collabora al suo quotidiano, l’Unità dove ritrova Italo Calvino, è
colpito dalla morte di numerosi amici nella lotta antifascista mentre lui si era concentrato sulla scrittura e sulla traduzione. Di quel periodo data
anche l’amicizia amorosa con Fernanda Pivano (1917-2009) che lui chiede invano in matrimonio, due volte. L’inizio della sua riflessione sul mito
risale ai primi del 1940 e i primi risultati sono pubblicati nel 1946 in Feria d’agosto, insieme col suo romanzo Il compagno. Diventa Direttore della
collana etnologica dell’Einaudi, e a Roma prova un nuovo amore non corrisposto per Bianca Garufi (1918-2006 - image ci-contre), per la quale
scrive i Dialoghi con Leucò (Leucò o Leucotea è la forma greca arcaica di Bianca) e con la quale scrive un romanzo a quattro mani, Fuoco
grande, pubblicato nel 1959.
Nel 1947, collabora con Ernesto De Martino (1908-1965) nella pubblicazione d’una Collezione di studi religiosi, antropologici e etnologici, che
farà conoscere alla cultura italiana Jung, Frobenius, Malinowski, Propp, Lévy-Bruhl…
Nel 1949, si innamora di un’attrice americana Constance Dowling (192-1969) che non risponde al suo amore e ritorna presto
in America per ottenere un ruolo a Hollywood, e Pavese ritorna nella sua campagna natale. Uno dei suoi articoli sul mito
pubblicato sulla nuova rivista « Cultura e realtà » suscita vive critiche negli ambienti della sinistra marxista nei quali milita, ma appare come un
dissidente e lui non riprende la carta del PCI nel 1950. Per Constance Dowling scrive La luna e i falò che gli vale il Premio Strega, e le sue
ultime poesie Verrà la morte e avrà i tuoi occhi, del marzo/aprile 1950 che sono pubblicate dopo la morte dell’autore.
Malgrado una nuova relazione amorosa con Romilda Bollati, Pavese si suicida il 27 agosto 1950 in una camera
d’albergo di Torino, inghiottendo dei sonniferi. Aveva concluso il suo diario (Il mestiere di vivere, ritrovato dopo la sua
morte e pubblicato nel 1952), il 18 agosto con quelle parole : « Tutto questo fa schifo. Non parole. Un gesto. Non
scriverò più ». Era una ricerca appassionata in una volta di un altro modo di essere al mondo e di una tecnica
poetica. Fu un grande scrittore, traduttore, iniziatore alla letteratura anglo-americana, critico, analista del mito.
Tutti i suoi saggi e i suoi lavori sul mito, sono pubblicati nel 1951 da Einaudi sotto il titolo La letteratura americana e
altri saggi. La maggior parte degli scritti di Pavese sono pubblicati in traduzione francese da Gallimard.
Quelques textes chantés de Pavese
Semplicità (1935)
Gita nelle Langhe, 1932. De gauche à droite, Pavese, Leone Ginsburg, Franco Antonicelli, Augusto Frassinelli.
Ce texte de Lavorare stanca n’est pas courant dans l’œuvre de Pavese qui ne comporte pas souvent des réflexions
sociales et politiques comme cette critique de la prison. Il évoque l’homme en prison qui rêve de sensations et de saveurs,
celle du pain, du vin, cette vie perdue qu’il espère retrouver en sortant de prison. Mais quand il sort, il n’arrive pas à
récupérer tout ce monde perdu dont d’autres se sont emparés. C’est seulement avec son chien qu’il siffle que réapparaît le
lièvre vivant qui s’enfuit. C’est la vie qui revient, mais elle restera lointaine et elle n’est réapparue qu’en illusion, sous l’effet
du vin. La prison a détruit toute la vie de l’homme seul. Cela a évidemment intéressé l’anarchiste Léo Ferré, qui y a lu une
dénonciation de la prison où on détruit les sensations des hommes au lieu de les « réhabiliter »,
comme disent les pouvoirs dominants. Et la chanson de Léo Ferré a été reprise par le site
Internet Chansons contre la guerre. Rappelons cependant que Pavese écrit en 1939 un roman
intitulé Il carcere inspiré par son « confino » (relégation) à Brancaleone en 1935.
Mais il faut aussi voir les thèmes qui deviendront centraux dans la poésie de Pavese, la vie dans la nature avec les animaux et
l’importance des sensations de tous ordres dans la vie simple du bistrot, et surtout le thème de la solitude et finalement la perte de sens
que symbolise la prison. La solitude serait désespérée et insupportable si elle n’était un peu soulagée par les rêves, comme celui de cet
homme sorti de prison.
Questo testo di Lavorare stanca, non è comune nell’opera di Pavese, che non comporta spesso riflessioni sociali e politiche come
questa critica del carcere. Evoca l’uomo in prigione che sogna di sensazioni e di sapori, quelle del pane, del vino, quella vita perduta che
lui spera di ritrovare uscendo dalla prigione. Ma quando esce, non riesce a ricuperare tutto quel mondo perduto di cui altri si sono
impadroniti. Soltanto col cane quando lo fischia, riappare la lepre viva che fugge. È la vita che torna, ma resterà lontana e non riappare che in illusione, sotto
l’effetto del vino. La prigione ha distrutto tutta la vita dell’uomo solo. Questo ha evidentement interessato l’anarchico Léo Ferré, che ci ha letto una denuncia della
prigione dove si distruggono le sensazioni degli uomini invece di « riabilitarli », come dicono i poteri dominanti. E la canzone di Léo Ferré è stata ripresa dal sito
Internet Chansons contre la guerre. Ricordiamo che Pavese scrive nel 1939 un romanzo intitolato Il carcere ispirato al suo confino a Brancaleaone nel 1935.
Ma bisogna anche vedere i temi che diventeranno centrali nella poesia di Pavese, la vita nella natura con gli animali e l’importanza delle sensazioni di ogni specie
nella vita semplice dell’osteria, e soprattutto il tema della solitudine e finalmente la perdita di senso simboleggiato dalla prigione. La solitudine sarebbe disperata e
insopportabile se non fosse compensata dai sogni, come quelli di quest’uomo uscito dal carcere.
Semplicità
(Cesare Pavese,
Lavorare stanca, Paternità, 1935
Musica : Léo Ferré, L’uomo solo
La vie d’artiste, 1961-1972, Barclay, 1989)
L'uomo solo - che è stato in prigione - ritorna in prigione L’homme seul – qui a été en prison – retourne en prison
Ogni volta che morde in un pezzo di pane.
Chaque fois qu’il mord dans un morceau de pain.
In prigione sognava le lepri che fuggono
En prison il rêvait de lièvres qui s‘enfuient
Sul terriccio invernale. Nella nebbia d'inverno
sur le terreau d’hiver. Dans la brume de l’hiver
L'uomo vive tra muri di strade, bevendo
l’homme vit entre des murs de rues, en buvant
Acqua fredda e mordendo in un pezzo di pane.
De l’eau froide et en mordant dans un morceau de pain.
Uno crede che dopo rinasca la vita,
Certains croient qu’après, la vie va renaître,
Che il respiro si calmi, che ritorni l'inverno
que le souffle s’apaise, et que l’hiver revient
Con l'odore del vino nella calda osteria,
avec l’odeur du vin dans l’auberge bien chaude,
E il buon fuoco, la stalla, e le cene. Uno crede,
le bon feu, l’étable, les dîners. Certains croient
Fin che è dentro uno crede. Si esce fuori una sera,
tant qu’ils sont dedans. On sort un soir,
E le lepri le han prese e le mangiano al caldo
les lièvres d’autres les ont pris et les mangent au chaud
Gli altri, allegri. Bisogna guardali dai vetri.
Tout joyeux. Il faut les regarder à travers les carreaux.
L'uomo solo osa entrare per bere un bicchiere
L’homme seul ose entrer pour boire un petit verre
Quando proprio si gela, e contempla il suo vino :
quand il gèle vraiment, il contemple son vin :
Il colore fumoso, il sapore pesante.
Sa saveur fumeuse, son odeur lourde.
Morde il pezzo di pane, che sapeva di lepre
Il mord dans son bout de pain, qui avait goût de lièvre
In prigione, ma adesso non sa più di pane
en prison, mais maintenant n’a plus le goût de pain
Né di nulla. E anche il vino non sa che di nebbia.
Ni de rien. Et même le vin n’a que le goût de brume.
L'uomo solo ripensa a quei campi, contento
L’homme seul pense à ces champs, heureux
Di saperli già arati. Nella sala deserta
de les savoir déjà labourés. Dans la salle déserte
Sottovoce si prova a cantare. Rivede
il essaie de chanter à voix basse. Il revoit
Lungo l'argine il ciuffo di rovi spogliati
le long de la digue la touffe de ronciers dépouillés
Che in agosto fu verde. Dà un fischio alla cagna.
Qui en août fut vert. Il siffle alors sa chienne
E compare la lepre e non hanno più freddo.
Et le lièvre apparaît, alors ils n’ont plus froid.
Mattino (août 1940)
La plus grande partie des poésies de Pavese parlent de la femme aimée, de l’amour et de la mort, toujours en rapport avec la vie
amoureuse de l’auteur. Ce texte est le premier des trois inspirés par Fernanda Pivano (image ci-contre) quand il la rencontre en juillet
1940 et en tombe éperdument amoureux. « Mattino » est écrit avant qu’il la demande en mariage et qu’elle refuse. Le visage entrevu
est probablement une référence à celui de La naissance de Vénus de Botticelli (1482), d’où le titre qui évoque le « matin », la
naissance, c’est le début d’un amour. Dans la fenêtre de l’âme du poète qui s’entrouvre apparaît le visage de Fernanda/Vénus, où les
cheveux ondoient comme le corps de Vénus et comme la mer. Le visage n’évoque pas le passé (pas de souvenirs), il est une réalité
totalement nouvelle ; mais il est aussi une partie de tout le corps non encore pénétré de la femme, sexuellement désiré comme une «
cavité intacte », mais ici sublimé en la saveur de « lumière saline » du visage ou en celle d’un « fruit de mer vivant », parfum d’un
sexe encore lointain. On a toujours chez Pavese cette évocation des sensations de toutes sortes qui symbolisent la réalité, et la
transcendent en beauté intemporelle.
Ici, la femme montre à peine son visage dans une « breve » fenêtre entrouverte, et il est mouvant, rapproché de l’eau de la mer, le
mouvement des cheveux dans le vent est celui de la mer, de l’eau qui est en même temps « l’aube » et qui devient le seul « souvenir ». La fin laisse peu de
place à l’espoir et évoque déjà la disparition du visage (Lire le commentaire de Biagio Carrubba sur https://www.biagiocarrubba.com/cesare-pavese-tre-liriche-
speciali-cesare-pavese)
Luigi Nono (1924-1990) est un des grands musiciens de l’Italie du XXe siècle. Formé au Conservatoire de Venise, où il est né et a vécu, il est l’élève de
Malipiero, Maderna et Scherchen et il s’initie à la révolution musicale qu’est le sérialisme. Ayant adhéré au Parti Communiste Italien en 1952, il apparaît comme
le compositeur le plus engagé dans les luttes sociales qu’il va tenter de transcrire dans sa musique. Il épouse en 1955 Nuria, la fille d’Arnold Schönberg. Dans Il
canto sospeso pour soli, chœurs et orchestre (1956), il met en musique des lettres de condamnés à mort de la Résistance, décomposant les mots en syllabes
confiées à plusieurs voix pour créer de nouvelles sonorités. À partir des années 1960 il se rapproche toujours plus de la musique électronique pour mettre en
musique les luttes de classes ; mais aussi des madrigaux du XVIIe siècle et deux textes de Pavese, en 1964 dans La fabbrica illuminata (Deux poésies à T. de
1946) et en 1968 (Mattino). Par la suite, il s’intéressa aussi beaucoup à la chanson et à la Popular Music (Jimi Hendrix, Patti Smith…). Tous n’aimeront pas cette
illustration musicale de Pavese, mais elle vaut la peine d’être écoutée, Nono a été un des grands de la musique électronique.
La maggior parte delle poesie di Pavese parlano della donna amata, dell’amore e della morte, sempre in relazione con la vita
amorosa dell’autore. Questo testo è il primo dei tre ispirati da Fernanda Pivano quando la incontra nel luglio 1940 e se ne innamora
sperdutamente. « Mattino » è scritto prima di chiederla in matrimonio e prima del suo rifiuto. Il viso intravisto è probabilment un
riferimento a quello della Nascita di Venere del Botticelli (1482), quindi il titolo che evoca il « mattino », la nascita, l’inizio d’un
amore. Nella finestra dell’anima del poeta che si socchiude, appare il viso di Fernanda/Venere, sul quale i capelli ondeggiano
comme il corpo di Venere e come il mare. Il viso non evoca il passato (nessun ricordo), è una realtà totalmente nuova ; ma è anche
una parte di tutto il corpo non ancora penetrato della donna, sessualmente desiderato come una « cavità
intatta », ma qui sublimato nel sapore di « luce salina » del viso o in quello d’un « frutto di mare vivo »,
profumo di un sesso ancora lontano. Sempre in Pavese abbiamo quell’evocazione di sensazioni d’ogni sorta
che simboleggiano la realtà, e la trascendono in bellezza senza tempo.
Qui la donna mostra appena il suo viso in una « breve » finestra socchiusa, è movente, quasi come l’onda del mare, il movimento dei
capelli nel vento è quello del mare, dell’acqua che è nello stesso tempo « l’alba » e diventa l’unico « ricordo ». La fine lascia poco spazio
alla speranza ed evoca la scomparsa del viso (leggere il commento di Biagio Carrubba su https://www.biagiocarrubba.com/cesare-
pavese-tre-liriche-speciali-cesare-pavese).
Luigi Nono (1924-1990- Qui a sinistra)) è uno dei grandi musicisti dell’Italia del Novecento. Formato al Conservatorio di Venezia, dove è
nato e dove è vissuto, è alunno di Malipiero, Maderna e Scherchen, e si inizia alla rivoluzione musicale costituita dal serialismo. Nel
1952, aderisce al Partito Comunista Italiano, e appare come il compositore più impegnato nelle lotte sociali che tenterà di trascrivere nella
sua musica. Nel 1955, si sposa con Nuria, figlia di Arnold Schönberg. Nel Canto sospeso per soli, cori e orchestra(1956), musica delle
lettere di condannati a morte della Resistenza, scomponendo le parole in sillabe affidate a parecchie voci per creare nuove sonorità. Dagli
anni 1960, si avvicina sempre di più alla musica elettronica per musicare le lotte di classe, ma anche ai madrigali del Seicento e due testi di Pavese, nel 1964 in La
fabbrica illuminata (Due poesie a T., del 1946) e nel 1968 (Mattino). Dopo si interessò anche molto alla canzone e alla Popular Music (Jimi Hendrix, Patti
Smith…). Tutti non amano questa illustrazione musicale di Pavese, ma vale la pena di essere ascoltata, Nono fu uno dei grandi della musica elettronica.
Couverture du disque de Luigi Nono
Mattino
(Cesare Pavese, 9-18 août 1940
Lavorare stanca, 1936-1943, Dopo ;
Musica : Luigi Nono, 1968
Non consumiamo Marx, Un volto, del mare,
Per voci e nastro magnetico (voix et bandes magnétiques)
Con voci di Liliana Poli e Kadigia Bovo)
La finestra socchiusa contiene un volto
La fenêtre entrouverte contient un visage
sopra il campo del mare. I capelli vaghi
au-dessus de la surface de la mer. Ses cheveux vagabonds
accompagnano il tenero ritmo del mare.
Accompagnent le tendre rythme de la mer.
Non ci sono ricordi su questo viso.
Il n’y a pas de souvenirs sur ce visage
Solo un’ombra fuggevole, come di nube.
rien qu’une ombre fugitive, comme d’un nuage.
L’ombra è umida e dolce come la sabbia
L’ombre est humide e douce comme le sable
di una cavità intatta, sotto il crepuscolo.
d’une cavité intacte, sous le crépuscule.
Non ci sono ricordi. Solo un sussurro
Il n’y a pas de souvenirs. Rien qu’un murmure
che è la voce del mare fatta ricordo.
Qui est la voix de la mer faite souvenir.
Nel crepuscolo l’acqua molle dell’alba
Dans le crépuscule l’eau douce de l’aube
che s’imbeve di luce, rischiara il viso.
qui s’imbibe de lumière, éclaire le visage.
Ogni giorno è un miracolo senza tempo,
Chaque jour est un miracle intemporel,
sotto il sole: una luce salsa l’impregna
sous le soleil : une lumière saline l’imprègne
e un sapore di frutto marino vivo.
Et une saveur de fruit de mer vivant.
Non esiste ricordo su questo viso.
Il n’existe pas de souvenir sur ce visage.
Non esiste parola che lo contenga
Il n’existe pas de mot qui le contienne
o accomuni alle cose passate. Ieri,
ou le relie aux choses passées. Hier,
dalla breve finestra è svanito come
il a disparu de la petite fenêtre comme
svanirà tra un istante, senza tristezza
il disparaîtra dans un instant, sans tristesse
né parole umane, sul campo del mare.
Ni paroles humaines, sur la surface de la mer.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
La mort aura pour le poète les yeux de la femme aimée, fusion de la mort et de l’amour. Mais de ce regard est absente toute
possibilité de communication, ce ne sera que « vana parola, grido taciuto, silenzio ». Et si la vie est ainsi liée à la mort, même
l’espérance, qui pourrait donner sens à la vie, n’est plus qu’une vaine illusion. Dans une vision très proche de celle une de
Leopardi (Voir son poème A Silvia), la femme est l’espérance, mais son amour est en même temps une simple illusion et une
image du néant auquel nous sommes destinés. La mort sera la seule véritable compagne du poète. La présence de la mort est
dite à la fois par les sensations auditives et visuelles. Et il termine en reprenant l’expression qui exprime sa pensée profonde
depuis son adolescence : son « vice absurde », sa vocation au suicide, son obsession de la mort, ce sera le titre de la
biographie de Davide Lajolo.
Remarquer l’usage de l’octosyllabe et de l’ennéasyllabe (9 syllabes) et du vers sans rimes.
La morte avrà per il poeta gli occhi della donna amata, fusione della morte e dell’amore. Ma da quello sguardo è assente ogni
possibilità di comunicazione, non ci saranno che « vana parola, grido taciuto, silenzio ». E se la vita è così legata alla morte,
anche la speranza, che potrebbe dare senso alla vita, rimane soltanto una vana illusione. In una visione molto prossima a
quella di Leopardi (Vedi il suo poema A Silvia), la donna è la speranza, ma il suo amore è nello stesso tempo una semplice
illusione e un’immagine del nulla al quale siamo destinati. La morte sarà l’unica vera compagna del poeta. La presenza della
morte è espressa in una volta dalle sensazioni uditive e visive. E finisce riprendendo l’espressione che esprime il suo pensiero profondo dalla sua adolescenza : il
suo « vizio assurdo », la sua vocazione al suicidio, la sua ossessione della morte, che sarà il titolo della biografia di Davide Lajolo.
Notate l’uso del’ottonario e del novenario e di versi senza rima.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
(Cesare Pavese, 22 mars 1950
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Poesie, 1950
Enr. : Beppe Giampà, La porta del mondo
Lecture : Diana Torrieri avec musique de G. Boneschi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi -
La mort viendra et elle aura tes yeux –
questa morte che ci accompagna
cette mort qui nous accompagne
dal mattino alla sera, insonne,
du matin au soir, sans sommeil,
sorda, come un vecchio rimorso
sourde, comme un vieux remords
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
ou un vice absurde. Tes yeux
saranno una vana parola
seront un vain mot,
un grido taciuto, un silenzio.
Un cri muet, un silence.
Così li vedi ogni mattina
Tu les vois ainsi chaque matin
quando su te sola ti pieghi
quand tu te penches solitaire
nello specchio. O cara speranza,
sur ton miroir. Oh chère espérance,
quel giorno sapremo anche noi
ce jour-là nous saurons nous aussi
che sei la vita e sei il nulla.
Que tu es la vie et que tu es le néant.
Per tutti la morte ha uno sguardo.
Pour tous la mort a un regard.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Sarà come smettere un vizio,
Ce sera comme cesser de pratiquer un vice
come vedere nello specchio
comme voir dans le miroir
riemergere un viso morto,
revenir un visage mort,
come ascoltare un labbro chiuso.
comme écouter des lèvres fermées.
Scenderemo nel gorgo muti.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
Passerò per Piazza di Spagna
C’est l’une des dernières poésies du recueil Verrà la morte e avrà i tuoi ochi. Un moment d’espérance : le poète monte vers la maison
de Constance, et il espère la voir apparaître. Partant du ciel (« clair » dans le premier vers, comme elle dans le dernier), l’ouverture
se fait peu à peu (le verbe « ouvrit » utilisé trois fois), le tumulte des rues est celui du cœur du poète, face à l’immobilité de l’air, de la
pierre mais aussi de la femme (« ferma » du dernier vers). Elle est la lumière du ciel, et cette lumière est « éperdue ». La « colline
de pins et de pierre » est la Trinità dei Monti, au-dessus de la Place d’Espagne. Ce texte est un des plus émouvants, dans son
expression d’une espérance dont on sait qu’elle va être déçue et que ce sera la dernière.
È una delle ultime poesie della raccolta Verrà la morte e avrà i tuoi ochi. Un momento di speranza : il poeta sale verso la casa di
Constance, e spera di vederla apparire. Dal cielo (« chiaro » nel primo verso, come la donna nell’ultimo), l’apertura si fa a poco a
poco (tre usi del verbo « aprire »), il tumulto delle strade è quello del cuore del poeta, di fronte all’immobilità dell’aria, della pietra, ma
anche della donna (« ferma » dell’ultimo verso). Lei è la luce del cielo, e quella luce è « sperduta ». « Il colle di pini e di pietra » è
la Trinità dei Monti, al di sopra della Piazza di Spagna. Questo testo è uno dei più commoventi, nella sua espressione d’una speranza
di cui si sa che sarà delusa e sarà l’ultima.
Sarà un cielo chiaro (Passerò per Piazza di Spagna).
(Pavese Cesare, 28 mars 1950
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Poesie, 1950
Enr. : Beppe Giampà, La porta del mondo
Lecture : Diana Torrieri avec musique de G. Boneschi (disque Cetra)
Sarà un cielo chiaro.
Ce sera un ciel clair.
S'apriranno le strade
Les rues s’ouvriront
sul colle di pini e di pietra.
Sur la colline de pins et de pierre.
Il tumulto delle strade
Le tumulte des rues
non muterà quell'aria ferma.
Ne fera pas bouger l’air immobile.
I fiori spruzzati
Les fleurs aspergées
di colori alle fontane
de couleurs aux fontaines
occhieggeranno come donne
cligneront de l’œil comme des femmes
divertite. Le scale
amusées. Les escaliers
le terrazze le rondini
les terrasses les hirondelles
canteranno nel sole.
Chanteront dans le soleil.
S'aprirà quella strada,
Cette rue s’ouvrira,
le pietre canteranno,
les pierres chanteront,
il cuore batterà sussultando
mon cœur battra en tressaillant
come l'acqua nelle fontane ‒
comme l’eau dans les fontaines -
sarà questa la voce
Ce sera celle-ci la voix
che salirà le tue scale.
Qui montera tes escaliers.
Le finestre sapranno
Les fenêtres auront
l'odore della pietra e dell'aria
l’odeur de la pierre et de l’air
mattutina. S'aprirà una porta.
Du matin. Une porte s’ouvrira.
Il tumulto delle strade
Le tumulte des rues
sarà il tumulto del cuore
sera le tumulte de mon coeur
nella luce smarrita.
Dans la lumière incertaine.
Sarai tu ‒ ferma e chiara.
Ce sera toi – immobile et claire.
The cats will know
C’est l’avant-dernière poésie du recueil, écrite durant une longue nuit d’attente de Constance Dowling, qui aurait passé la nuit avec
un acteur ? Seuls les chats, qui voient aussi dans le noir, le sauront, mais lui ne sera plus là. Ce sera la dernière désillusion de
Pavese et sa dernière poésie, comme il l’écrira le 17 avril dans sa dernière lettre à Constance : « Très chère, je ne suis plus dans
l’état d’esprit d’écrire des poésies. Les poésies sont venues avec toi et elles s’en vont avec toi. Celle-ci, je l’ai écrite il y a quelques
après-midi pendant les longues heures à l’Hôtel où j’attendais, en hésitant à t’appeler. Pardonnes-en la tristesse, mais avec toi j’étais
aussi triste. Vois-tu, j’ai commencé par une poésie en anglais et je finis par une autre (la dernière du recueil du 11 avril, Last blues, to
be read some day). Il y a en elles toute l’ampleur de ce que j’ai expérimenté ce mois-ci : l’horreur et l’émerveillement. Très chère, ne
le prends pas mal si je parle toujours de sentiments que tu ne peux partager. Tu peux au moins les comprendre. Je veux que tu
saches que je te remercie de tout cœur. Les quelques jours d’émerveillement que j’ai arrachés à ta vie étaient presque trop pour moi
– bien, ils sont passés, maintenant commence l’horreur, l’horreur nue et j’y suis prêt. La porte de la prison a recommencé à se fermer
brusquement… Tu auras le temps de recevoir La luna i falò. Peut-être que t’attend déjà ain North Vista Avenue avant que tu arrives. Je suis si content qu’il y ait
ton nom. Je me souviens que j’ai écrit ce livre – entièrement – avant de te connaître, et pourtant je sentais en quelque sorte dans ce livre que tu allais venir. Ce n’a
pas été un merveilleux visage de printemps, moi j’aimais tout de toi, non seulement ta beauté, ce qui est assez facile, mais aussi ta laideur, tes moments de
laideur, ta tache noire, ton visage fermé. Et pourtant je te plains. Ne l’oublie pas ». Cette lettre était en anglais (traduction d’Italo Calvino), et Constance n’y
répondra jamais. Pavese se suicide le 27 août vers 20h à l’Hôtel Roma de Turin.
È la penultima poesia della raccolta, scritta durante una lunga notte d’attesa di Constance Dowling che avrebbe passato la notte
con un attore. Solo i gatti, che vedono anche nel buio, lo sapranno, ma lui non ci sarà più. Sarà l’ultima delusione di Pavese, e
l’ultima poesia da lui scritta, come lo scriverà il 17 aprile nella sua ultima lettera a Constance : « Carissima, non sono più in animo
di scrivere poesie. Le poesie sono venute con te e se ne vanno con te. Questa l’ho scritta qualche pomeriggio fa, durante le lunghe
ore all’Hotel in cui aspettavo, esitando di chiamarti. Perdonane la tristezza, ma con te ero anche triste. Vedi, ho cominciato con una
poesia in inglese e finisco con un’altra (l’ultima della raccolta, dell’11 aprile, Last blues, to be read some day). C’è in esse tutta
l’ampiezza di quel che ho sperimentato in questo mese : l’orrore e la meraviglia. Carissima, non avercela a male se sto sempre
parlando di sentimenti che tu non puoi condividere. Almeno puoi capirli.Voglio che tu sappia che ti ringrazio di tutto cuore. I pochi
giorni di meraviglia che ho strappato dalla tua vita erano quasi troppo per me – bene, sono passati, ora comincia l’orrore, il nudo
orrore e io sono pronto a questo. La porta della prigione è tornata a chiudersi di schianto… Farai in tempo a ricevere La luna e i falò.
Forse sarà già ad aspettarti Ain North Vista Avenue prima che tu arrivi. Sono così contento che ci sia il tuo nome. Ricorda che ho
scritto questo libro – interamente – prima di conoscerti, eppure in qualche modo sentivo in questo libro che stavi per venire. Non è
stato meraviglioso viso di primavera, io di te amavo tutto, non solo la tua bellezza, il che è abbastanza facile, ma anche la tua bruttezza, i tuoi momenti brutti, la tua
tache noire, il tuo viso chiuso. E pure ti compiango. Non dimenticarlo ». Questa lettera fu scritta in inglese (traduzione di Italo Calvino), ma Constance non
risponderà mai. Pavese si suicida il 27 agosto, verso le 20, all’Hôtel Roma di Torino.
Ancora cadrà la pioggia (The cats will know)
(Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Poesie, 1950 - 10 aprile 1950
Enr. : Beppe Giampà, La porta del mondo
Lecture : Diana Torrieri avec musique de G. Boneschi
Ancora cadrà la pioggia
La pluie tombera encore
sui tuoi dolci selciati,
sur tes doux pavés,
una pioggia leggera
une pluie légère
come un alito o un passo.
comme un souffle ou un pas.
Ancora la brezza e l’alba
La brise et l’aube légères
fioriranno leggere
fleuriront encore
come sotto il tuo passo,
comme sous ton pas,
quando tu rientrerai.
quand tu rentreras.
Tra fiori e davanzali
Entre les fleurs et les rebords de fenêtres
i gatti lo sapranno.
Les chats le sauront.
Ci saranno altri giorni,
Il y aura d’autres jours
ci saranno altre voci.
il y aura d’autres voix.
Sorriderai da sola.
Tu souriras toute seule.
I gatti lo sapranno.
Les chats le sauront.
Udrai parole antiche,
Tu entendras des mots anciens,
parole stanche e vane
des mots fatigués et vains
come i costumi smessi
comme les habits qu’on ne porte plus
delle feste di ieri.
des fêtes d’hier.
Farai gesti anche tu.
Tu feras des gestes toi aussi.
Risponderai parole ‒
Tu répondras par des mots –
viso di primavera,
visage de printemps,
farai gesti anche tu.
Tu feras des gestes toi aussi.
I gatti lo sapranno,
Les chats le sauront,
viso di primavera ;
visage de printemps ;
e la pioggia leggera,
et la pluie légère
l’alba color giacinto,
l’aube couleur jacinthe,
che dilaniano il cuore
qui déchirent le cœur
di chi piú non ti spera,
de celui qui ne t‘espère plus
sono il triste sorriso
sont le triste sourire
che sorridi da sola.
que tu fais toute seule.
Ci saranno altri giorni,
Il y aura d’autres jours
altre voci e risvegli.
d’autres voix, d’autres réveils
Soffriremo nell’alba,
Nous souffrirons dans l’aube,
viso di primavera.
Visage de printemps.
10 Aprile 1950
To C. from C.
À C. de la part de C.
(Pavese Cesare
La poésie en anglais qui commence le recueil Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Poesie, 1950
Enr. : Beppe Giampà, La porta del mondo
Lecture : Diana Torrieri avec musique de G. Boneschi
You,
Toi,
dappled smile
sourire lumineux
on frozen snows –
sur des neiges gelées –
wind of March,
vent de mars,
ballet of boughs
ballet de rameaux
sprung on the snow,
jaillis sur la neige,
moaning and glowing
lamentation et incandescence
your little « ohs » –
tes petits « oh » –
white-limbed doe,
biche aux membres blancs,
gracious,
gracieux,
Constance Dowling
would I could know
si seulement je pouvais connaître
yet
déjà
the gliding grace
l’élégance du glissement
of all your days,
de toutes tes journées,
the foam like lace
la dentelle comme l’écume
of all your ways
de toutes tes attitudes
tomorrow is frozen
demain sera gelé
down on the plain –
en bas sur la plaine–
you, dappled smile,
toi, sourire lumineux
you, glowing laughter.
Toi, rire chaleureux.
(Traduction : Angela Fassion)
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