Poésie en musique - chapitre 33 - suite
Consolazione
Poésie de 1891, de Poema paradisiaco, dont les 54 poésies ont un parfum autobiographique. Elle s’adresse à la mère du poète à qui celui-ci imagine qu’il va
rendre visite. Tout ce qui est évoqué, la pâleur de la mère, le jardin inculte, les fleurs fanées, sont signe du long temps passé depuis sa dernière venue et signe de
mort. Donc il va tenter de revivre le temps passé, heureux de son enfance, dans un regret de sa vie dissolue du temps présent (È stanco di mentire) et dans une
recherche de l’innocence et de la pureté et un oubli des « mauvaises choses ».
Il est significatif que la musique occupe une grande place dans ce retour : le poète va jouer sur le vieux clavecin, et chanter des airs simples, peut-être souvenir
des chansons populaires des Abruzzes. Cette référence à la musique sera une constante chez D’Annunzio.
Les passages entre parenthèses sont ceux que Palladini ne chante pas.
Poesia del 1891, inserita nel Poema paradisiaco, di cui le 54 poesie hanno un profumo autobiografico. Si rivolge alla madre del poeta alla quale lui immagina di
star per visitarla. Tutte le realtà evocate, il pallore della madre, il giardino incolto, i fiori appassiti, sono segno del lungo tempo passato dalla sua ultima venuta e
segno di morte.. Dunque, tenterà di rivivere il tempo passato, felice della sua infanzia, in un rimpianto della sua vita dissoluta del tempo presente (È stanco di
mentire) e in una ricerca dell’innocenza e della purezza, e una dimenticanza delle « cattive cose ».
È significativo che la musica occupi un posto così importante in quel ritorno : il poeta suonerà il vecchio cembalo, e canterà arie semplici, forse un ricordo delle
canzoni popolari dell’Abruzzo. Quel riferirsi alla musica sarà costante nell’opera di D’Annunzio.
Le strofe tra parentesi sono quelle non cantate da Palladini.
Consolazione
(Testo : Gabriele D’Annunzio,
Poema paradisiaco, 1891 ;
Musica : Stefano Palladini e Nazario Gargano,
… l’anima sarà semplice com’era, 2001)
Non pianger più. Torna il diletto figlio
Ne pleure plus. Ton fils chéri revient
a la tua casa. È stanco di mentire.
Chez toi. Il est fatigué de mentir.
Vieni ; usciamo. Tempo è di rifiorire.
Viens ; sortons. Il est temps de refleurir
Troppo sei bianca : il volto è quasi un giglio.
Tu es trop blanche : ton visage est presque un lys.
Vieni ; usciamo. Il giardino abbandonato
Viens ; sortons. Le jardin abandonné
serba ancóra per noi qualche sentiero.
Conserve encore pour nous quelque sentier.
Ti dirò come sia dolce il mistero
Je te dirai comme est doux le mystère
che vela certe cose del passato.
Qui voile certaines choses du passé.
Ancóra qualche rosa è ne' rosai,
Quelques roses sont encore sur les rosiers
ancóra qualche timida erba odora.
Quelques herbes humides embaument encore
Ne l'abbandono il caro luogo ancóra
Dans l’abandon, le cher lieu sourira
sorriderà, se tu sorriderai.
Encore si tu souris.
Ti dirò come sia dolce il sorriso
Je te dirai comme est doux le sourire
di certe cose che l'oblìo afflisse.
De certaines choses affligées par l’oubli.
Che proveresti tu se fiorisse
Qu’éprouverais-tu toi si la terre
la terra sotto i piedi, all'improvviso ?
fleurissait sous tes pieds à l’improviste ?
Tanto accadrà, ben che non sia d'aprile.
Cela arrivera de toute façon, bien qu’on ne soit pas en avril.
Usciamo. Non coprirti il capo. È un lento
Sortons. Ne te couvre pas la tête. C’est un doux
sol di settembre ; e ancor non vedo argent soleil de septembre ; et je ne vois pas encore d’argent
su 'l tuo capo, e la riga è ancor sottile.
Sur ta tête, et ta ride est encore fine.
Perché ti neghi con lo sguardo stanco ?
Pourquoi t’effaces-tu de ton regard fatigué ?
La madre fa quel che il buon figlio vuole.
La mère fait ce que veut son bon fils.
Bisogna che tu prenda un po' di sole,
Il faut que tu prennes un peu de soleil,
un po' di sole su quel viso bianco.
Un peu de soleil sur ce visage blanc.
Bisogna che tu sia forte ; bisogna
Il faut que tu sois forte ; il faut
che tu non pensi a le cattive cose...
que tu ne penses pas aux mauvaises choses…
Se noi andiamo verso quelle rose,
Si nous allons vers ces roses
io parlo piano, l'anima tua sogna.
Moi je parle doucement, toi ton âme rêve.
Sogna, sogna, mia cara anima ! Tutto,
Rêve, rêve, ma chère âme ! Tout
tutto sarà come al tempo lontano.
Tout sera comme aux temps lointains.
Io metterò ne la tua pura mano
Je mettrai dans ta main pure
tutto il mio cuore. Nulla è ancor distrutto.
Tout mon cœur. Rien n’est encore détruit.
(Sogna, sogna ! Io vivrò de la tua vita.
(Rêve, rêve ! Je vivrai de ta vie.
In una vita semplice e profonda
Dans une vie simple et profonde
io rivivrò. La lieve ostia che monda
je revivrai. Le pain léger qui purifie
io la riceverò da le tue dita.
Je le recevrai de tes doigts
Sogna, ché il tempo di sognare è giunto.
Rêve, le temp de rêver est arrivé.
Io parlo. Di': l'anima tua m'intende ?
Moi je parle. Dis-moi : ton âme me comprend-elle ?
Vedi ? Ne l'aria fluttua e s'accende
Vois-tu ? Dans l’air flotte et s’embrase
quasi il fantasma d'un april defunto.
Presque le fantôme d’un mois d’avril défunt.
Settembre (di': l'anima tua m'ascolta ?)
Septembre (Dis-moi : ton âme m’écoute-t-elle)
ha ne l'odore suo, nel suo pallore,
a dans son odeur, dans sa paleur,
non so, quasi l'odore ed il pallore
je ne sais, presque l’odeur et la pâleur
di qualche primavera dissepolta.)
de quelque printemps ressuscité.)
Sogniamo, poi ch'è tempo di sognare.
Rêvons, puisque c’est le temps de rêver.
Sorridiamo. È la nostra primavera,
Sourions. C’est notre printemps,
questa. A casa, più tardi, verso sera,
celui-là. À la maison, plus tard, vers le soir,
vo' riaprire il cembalo e sonare.
Je veux rouvrir le clavecin et jouer.
(Quanto ha dormito, il cembalo ! Mancava,
Qu’il a dormi, le clavecin ! Il manquait
allora, qualche corda ; qualche corda
alors quelques cordes ; quelques cordes
ancora manca. E l'ebano ricorda
manquent encore. Et l’ébène se souvient
le lunghe dita ceree de l'ava.
Des longs doigts de cire de notre ancêtre.
Mentre che fra le tende scolorate
Tandis que dans les rideaux décolorés
vagherà qualche odore delicato,
flottera quelque odeur délicate,
(m'odi tu ?) qualche cosa come un fiato
(m’entends-tu ?) quelque chose comme un souffle
debole di viole un po' passate,)
faible de violettes un peu fanées,)
sonerò qualche vecchia aria di danza,
Je jouerai quelque vieil air de danse,
assai vecchia, assai nobile, anche un poco
très ancienne, très noble, et même un peu
triste ; e il suono sarà velato, fioco,
triste ; et le son sera voilè, faible,
quasi venisse da quell'altra stanza.
Comme s’il venait d’une autre pièce.
Poi per te sola io vo' comporre un canto
Pour toi seule je veux composer un chant
che ti raccolga come in una cuna,
qui te recueille comme dans un berceau,
sopra un antico metro, ma con una
selon un mètre ancien, mais avec une
grazia che sia vaga e negletta alquanto.
grâce qui soit charmante et un peu négligée
Tutto sarà come al tempo lontano.
Tout sera comme aux temps lointains
L'anima sarà semplice com'era ;
l’âme sera simple comme elle était ;
e a te verrà, quando vorrai, leggera
et elle viendra à toi, quand tu voudras, avec légèreté
come vien l'acqua al cavo de la mano.
Comme vient l’eau au creux de la main.
Pastori d’Abbruzzo
Cette poésie se trouve dans la dernière section du recueil intitulé Alcyone (1903) et apparaît après les poèmes de l’été, Sera
fiesolana et Pioggia nel pineto, souvenir d’une vacance passée en Toscane avec Eleonora Duse. C’est l’automne et
D’Annunzio retourne en pensée vers les Abruzzes, sa terre d’origine, évoquant un monde archaïque et primitif, en même
temps que solennel, il choisit pour cela des mots locaux traditionnels (avellano, stazzi, tratturo… ) ; c’est aussi un monde
plein de sensations visuelles, auditives ; il reprend dans O voce di colui … des vers de Dante (Purgatoire, I, 115-117).
La poésie est constituée de 4 strophes de 5 hendécasyllabes, dont le dernier de chaque strophe rime avec le 1er de la
strophe suivante ; dans la strophe 1, le premier rime avec le troisième, dans les autres, le deuxième avec le quatrième.
Remarquer les allitérations (le « R » des vv. 1-3 ; le « M » des vv. 14-15 ; le « L » des vv. 9-10, etc.).
Alcyone est la troisième étoile de la constellation des sept Pléiades, qui donnent leur nom à cinq recueils de D’Annunzio,
Maia, Eletra et Alcyone en 1903, Merope en 1912 et Asterope en 1918.
Questa poesia si trova nell’ultima sezione della raccolta intitolata Alcyone (1903) e appare dopo le poesie dell’estate, Sera fiesolana e Pioggia nel pineto, ricordo
d’una vacanza passata in Toscana con Eleonora Duse. È l’autunno e D’Annunzio torna in mesiero nell’Abruzzo, la sua terra natale, per evocare un mondo arcaico
e primitivo, e nelle stesso tempo solenne ; sceglie per questo parole locali tradizionali (avellano, stazzi, tratturo… ) ; è anche un mondo pieno di sensazioni visive,
uditive : riprende in O voce di colui … versi di Dante (Purg. I, 115-117).
La poesia è costituita di 4 strofe di 5 endecasillabi, di cui l’ultimo di ogni strofa rima col primo della strofa seguente ; nella prima strofa, il primo rima col terzo, nelle
altre, il secondo col quarto. Notate le alliterazioni (la « R » dei versi 1-3 ; la « M » dei versi 14-15, la « L » dei versi 9-10, ecc.).
Alcyone è la terza stella della costellazione delle 7 Pleiadi, che danno il loro nome a 5 raccolte del D’Annunzio, Maia, Elettra e Alcyone nel 1903, Merope nel 1912
e Asterope nel 1918.
Pastori d'Abruzzo
(Testo : Gabriele D’Annunzio,
Alcyone, 19003
Musica : Ildebrando Pizzetti. Ténor : Iorio Zennaro, Piano : Keiko Onouchi).
Settembre. Andiamo è tempo di migrare.
Septembre. Allons, il est temps de migrer.
Ora in terra d’Abruzzo i miei pastori
Maintenant en terre d’Abruzze mes bergers
lascian gli stazzi e vanno verso il mare,
quittent leurs enclos et vont vers la mer,
vanno verso l’Adriatico selvaggio
ils vont vers l’Adriatique sauvage
che verde è come i pascoli dei monti.
Qui est verte come les pâturages des montagnes.
Han bevuto profondamente ai fonti
Ils ont bu profondément dans les sources
Alpestri, ché sapor d’acqua natia
alpestres, afin que la saveur de l’eau de leur terre
rimanga nei cuori esuli a conforto,
reste et réconforte leur cœur exilé,
che lungo illuda la lor sete in via.
Et trompe longtemps leur soif sur la route.
Rinnovato hanno verga d’avellano.
Ils ont renouvelé leur houlette de noisetier.
E vanno pel tratturo antico al piano
Et ils vont sur l’ancien sentier vers la plaine
quasi per un erbal fiume silente,
comme sur un fleuve d’herbe silencieux,
su le vestigia degli antichi padri.
Sur les traces de leurs anciens aïeux
Oh voce di colui che primamente
Oh voix de celui qui le premier
conobbe il tremolar della marina !
a connu le tremblement de la mer !
Ora lungh’esso il litoral Maintenant, le long de ce littoral, marche
la greggia. Senza mutamento è l’aria
le troupeau. L’air est sans changement
e il sole imbionda sì la viva lana
et le soleil blondit la laine vivante
che quasi dalla sabbia non divaria.
qui ne se distingue presque pas du sable.
Isciacquìo, calpestìo, dolci rumori,
Clapotis, bruit de pas, douces rumeurs,
ah perché non son io coi miei pastori ?
Ah, pourquoi ne suis-je pas avec mes bergers ?
Sera fiesolana
La sera fiesolana est un texte écrit pendant l’été 1899, et se trouve dans la première partie d’Alcyone publié en 1903, dont elle a été la
première écrite. Il évoque sous la forme laïque d’un mysticisme sensuel, en reprenant la forme médiévale (Jacopone da Todi, etc.) de la
laude, le Cantique des créatures de François d’Assise. Il est constitué de strophes de 14 vers, hendécasyllabes, ennéasyllabes (9),
heptasyllabes (7), pentasyllabes (5), mais aussi vers de 12 ou 13 syllabes, correspondants à la prosodie grecque ancienne reprise par
Carducci, et qui sont assimilables à des hendécasyllabes.
Dans le premier vers, notez la synesthésie entre sensations tactile et auditive. Remarquer les nombreuses figures de rhétorique, allitérations,
l’onomatopée (le « FR » qui reproduit le bruit des feuilles), métaphores, similitudes, anaphores, enjambements, etc. Le soir est le moment de
la fusion dionysiaque entre la nature et l’homme, dans une attente de la nuit d’amour qui suivra, qui s’adresse à un « tu » jamais identifié
mais qui est la femme aimée, évoquée et louée dans les tercets, avec laquelle il passe cet été qui arrive. Chaque strophe avait initialement un
titre : Naissance de la lune, Pluie d’été, L’image de la colline (les amants se trouvent sur les collines de Fiesole, au-dessus de Florence).
C’est un des plus beaux textes de D’Annunzio.
Alfredo Casella (Turin, 1883-Rome, 1947) est né dans une famille de musiciens, il étudie au Conservatoire de Paris à partir de 1896, à côté
de Maurice Ravel et de Georges Enesco, sous la direction de Gabriel Fauré et Louis Diémer. Il devient chef d’orchestre, puis professeur
de piano au Conservatoire de Paris puis de Rome. Il dirige aussi parfois aux Etats-Unis. Ce fut un des grands compositeurs (opéras, musique symphonique,
musique de chambre et piano) et pianiste de notre époque.
La Sera fiesolana è scritta durante l’estate 1899, e si trova nella prima parte d’Alcyone pubblicata nel 1903, di cui fu la prima poesia scritta. Evoca sotto la forma
laica d’un misticismo sensuale, riprendendo la forma medievale della laude (Jacopone da Todi, ecc.), il Cantico delle creature di Francesco d’Assisi. Il poema è
costituito di strofe di 14 versi, endecasillabi, novenari, eptasillabi, pentasillabi, ma anche versi di 12 o 13 sillabe, che corrispondono alla prosodia greca antica
riproposta da Carducci, e sono assimilabili ad endecasillabi.
Nel primo verso, notate la sinestesia tra sensazioni tattili e uditive, e state attenti alle numerose di figure retoriche, alliterazioni, onomatopee (il « FR » che
riproduce il rumore delle foglie… ), metafore, enjambements, ecc. La sera è il momento della fusione dionisiaca tra la natura e l’uomo, in un’attesa della notte
s’amore che seguirà, che si rivolge ad un « tu » mai identificato, ma che è la donna amata, evocata e lodata nelle terzine, con la quale passa quest’estate che sta
arrivando. All’inizio, ogni strofa aveva un titolo : Nascita delle luna, Pioggia d’estate, Immagine della collina (gli amanti si trovano sulle colline di Fiesole, sopra
Firenze). È uno dei più bei testi di D’Annunzio.
Alfredo Casella (Torino, 1883-Roma, 1947) è nato in una famiglia di musicisti, studia al Conservatorio di Parigi, vicino a Maurice Ravel e George Enesco, sotto
la direzione di Gabriel Fauré e Louis Diémer. Diventa capo d’orchestra, poi professore di pianoforte al Conservatorio di Parigi poi di Roma. Talvolta dirige anche
negli Stati Uniti. Fu uno dei grandi compositori (opere liriche, musica sinfonica, musica da camera, pianoforte) e pianista della nostra epoca.
SERA FIESOLANA.
Soir à Fiesole
(Testo : Gabriele D’Annunzio
Alcyone, 1883
Musica : Alfredo Casella)
Fresche le mie parole ne la sera
Que fraîches soient pour toi mes paroles dans le soir
ti sien come il fruscìo che fan le foglie
comme le bruissement que font les feuilles
del gelso ne la man di chi le coglie
du mûrier dans la main de celui qui les cueille
silenzioso e ancor s’attarda a l’opra lenta
en silence et s’attarde encore à sa tâche lente
su l’alta scala che s’annera
sur la haute échelle qui devient sombre
contro il fusto che s’inargenta
contre le tronc qui prend une couleur d’argent
con le sue rame spoglie
avec ses branches dépouillées
mentre la Luna è prossima a le soglie
tandis que la Lune s’approche du seuil
cerule e par che innanzi a sé distenda un velo
de l’azur et semble devant elle étendre un voile
ove il nostro sogno si giace
où s’étend notre rêve
e par che la campagna già si senta
et il semble que déjà la campagne se sente
da lei sommersa nel notturno gelo
submergée par elle dans le gel nocturne
e da lei beva la sperata pace
et qu’elle boive en elle la paix espérée
senza vederla.
sans la voir.
Laudata sii pel tuo viso di perla,
Loué sois-tu pour ton visage de perle,
o Sera, e pe’ tuoi grandi umidi occhi ove si tace
oh Soir, et pour tes grands yeux humides où s’apaise
l’acqua del cielo !
l’eau du ciel !
Dolci le mie parole ne la sera
Que douces soient pour toi mes paroles dans le soir
ti sien come la pioggia che bruiva
comme la pluie qui bruissait
tepida e fuggitiva,
tiède et fuyante,
commiato lacrimoso de la primavera,
congé du printemps plein de larmes,
su i gelsi e su gli olmi e su le viti
sur les mûriers et sur les ormes et sur les vignes
e su i pini dai novelli rosei diti
et sur les pins aux jeunes doigts de rose
che giocano con l’aura che si perde,
qui jouent avec la brise qui se perd
e su ’l grano che non è biondo ancóra
et sur le blé qui n’est pas encore blond
e non è verde,
et qui n’est plus vert,
e su ’l fieno che già patì la falce
et sur le foin qui a déjà subi la faux
e trascolora,
et qui change de couleur,
e su gli olivi, su i fratelli olivi
et sur les oliviers, nos frères les oliviers
che fan di santità pallidi i clivi
qui rendent les coteaux pâles de sainteté
e sorridenti.
et souriants.
Laudata sii per le tue vesti aulenti,
Loué sois-tu pour tes vêtements parfumés,
o Sera, e pel cinto che ti cinge come il salce
oh Soir, et pour la ceinture qui te ceint comme le saule
il fien che odora !
le foin qui embaume !
Io ti dirò verso quali reami
Je te dirai vers quels royaumes
d’amor ci chiami il fiume, le cui fonti
d’amour nous appelle le fleuve, dont les sources
eterne a l’ombra de gli antichi rami
éternelles à l’ombre des branches antiques
parlano nel mistero sacro dei monti ;
parlent dans le mystère sacré des montagnes ;
e ti dirò per qual segreto
et je te dirai par quel secret
le colline su i limpidi orizzonti
les collines s’incurvent sur les horizons limpides
s’incùrvino come labbra che un divieto
comme des lèvres qu’un interdit
chiuda, e perché la volontà di dire
aurait fermées, et pourquoi la volonté de parler
le faccia belle
les rend belles
oltre ogni uman desire
au-delà de tout désir humain
e nel silenzio lor sempre novelle
et maintenant toujours nouvelles dans leur silence
consolatrici, sì che pare
et consolatrices, si bien qu’on dirait
che ogni sera l’anima le possa amare
que chaque soir l’âme les puisse aimer
d’amor più forte.
d’un amour plus fort !
Laudata sii per la tua pura morte,
Loué sois-tu pour ta mort pure,
o Sera, e per l’attesa che in te fa palpitare
oh Soir, et pour l’attente qui en toi fait palpiter
le prime stelle !
les premières étoiles
Quattro canzoni d’Amaranta
Ces textes sont ceux d’un projet, jamais achevé, où D’Annunzio voulait chanter son amour pour Giuseppina Mancini Giorgi, qu’il
appelait « Giusini » ou « Amaranta », mais aussi où il voulait la consoler à une époque où elle souffrait d’une grave maladie mentale,
dont elle sortit grâce à l’aide du poète, avant de mourir d’amour. En 1906, alors que leur relation amoureuse allait se terminer, Francesco
Paolo Tosti fut autorisé par D’Annunzio de mettre ces textes en musique. Le poète avait toujours éprouvé un grand intérêt pour la
musique, il avait étudié le piano et le chant, et dès son premier amour pour Giselda Zucconi, il se réfère dans ses lettres à la musique,
comme ce sera le cas dans toutes ses œuvres ; il aimait beaucoup en particulier la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, Frédéric
Chopin, mais aussi les chansons populaires des Abruzzes, comme on le voit dans les cantilènes de La Figlia di Iorio ; il fréquentait les
concerts et les salons musicaux et avait des rapports avec de nombreux musiciens, en particulier les auteurs d’opéra, ou Claude
Debussy qui met en musique Le martyre de saint Sébastien, mais aussi Pietro Mascagni, dont D’Annunzio écrit par exemple le livret de
Parisina, Ildebrando Pizzetti, qui mettra aussi en musique La Figlia di Iorio, Gian Francesco Malipiero, Alfredo Casella (qui met en
musique la Sera fiesolana), Ottorino Respighi, Riccardo Zandonai dont D’Annunzio écrit le livret de Francesca da Rimini. Tosti, lui
aussi originaire des Abruzzes, fut un des préférés de D’Annunzio dont il écrit la musique de 34 mélodies. Il eut aussi un rapport étroit avec
le peintre Francesco Paolo Michetti (1851-1929), lui aussi des Abruzzes, qui s’était installé dans l’ancien couvent franciscain de
Francavilla devenu un centre intellectuel et culturel important auquel participaient D’Annunzio et Tosti avec Matilde Serao, Edoardo Scarfoglio, Salvatore di
Giacomo, Eleonora Duse, Ettore Janni.
C’est dommage que la grande qualité du Lied allemand et de la Mélodie française ait parfois laissé dans l’ombre ces grandes romances italiennes.
Questi testi sono quelli d’un progetto mai compiuto, in cui D’Annunzio voleva cantare il suo amore per Giuseppina Mancini Giorgi, che lui chiamava « Giusini »
o « Amaranta », ma in cui voleva anche consolarla all’epoca in cui lei soffriva di una grave malattia mentale, dalla quale potè uscire grazie all’aiuto del poeta,
prima di morire d’amore. Nel 1906, mentre stava finendo la loro relazione amorosa, Francesco Paolo Tosti fu autorizzato da D’Annunzio di musicare quei versi.
Il poeta aveva sempre provato un grande interesse per la musica, aveva studiato il pianoforte e il canto, e dal suo primo amore per Giselda Zucconi, si riferisce
alla musica nelle sue lettere, come sarà il caso in tutte le sue opere ; amava particolarmente la musica dei secoli XVII e XVIII, Frédéric Chopin, ma anche le
canzoni popolari dell’Abruzzo, come si vede nelle cantilene della Figlia di Iorio ; frequentava i concerti e i salotti musicali e aveva rapporti con numerosi musicisti,
soprattutto gli operisti, o Claude Debussy che musica Le martyre de saint Sébastien, ma anche Pietro Mascagni, di cui D’Annunzio scrive per esempio il
libretto di Parisina, o Ildebrando Pizzetti, che musicherà La Figlia di Iorio, Gian Francesco Malipiero, Alfredo Casella (che musica Sera fiesolana, Vedi sopra),
Ottorino Respighi, Riccardo Zandonai del quale D’Annunzio scrive il libretto di Francesca da Rimini. Tosti (1846-1916), anche lui d’origine abruzzese, fu uno
dei preferiti di D’Annunzio, di cui scrive la musica di 34 melodie. Ebbe anche rapporti stretti col pittore, anche lui dell’Abruzzo, Francesco Paolo Michetti (1851-
1929), che si era stabilito nell’antico convento francescano di Francavilla, diventato centro intellettuale e culturale importante al quale partecipavano D’Annunzio e
Tosti, con Matilde Serao, Edoardo Scarfoglio, Salvatore di Giacomo, Eleonora Duse, Ettore Janni.
Peccato che la grande qualità del lied tedesco e della melodia francese abbia talvolta rimandato in penombra quelle grandi romanze italiane.
Quattro canzoni d’Amaranta
(Testo : Gabriele D’Annunzio, 1906
Avec Giuseppina Mancini Giorgi
Musica : Francesco Paolo Tosti, 1907
Ténor : Marc Filograsso, Piano : Isabelle Poulain)
1. Lasciami! Lascia ch'io respiri, lascia
Lasciami ! Lascia ch'io respiri, lascia
Laisse-moi, laisse-moi respirer, laisse
ch'io mi sollevi ! Ho il gelo nelle vene.
que je me reprenne ! J’ai du gel dans les veines.
Ho tremato. Ho nel cor non so che ambascia... J’ai tremblé. J’ai dans le cœur je ne sais quelle angoisse…
Ahimè, Signore, è il giorno! Il giorno viene !
Hélas, Seigneur, c’est le jour ! Le jour vient !
Ch'io non lo veda ! Premi la tua bocca
Que je ne le voie pas ! Presse ta bouche
su' miei cigli, il tuo cuore sul mio cuore !
sur mes cils, ton cœur sur mon cœur !
Tutta l'erba s'insànguina d'amore.
Toute l’herbe se couvre d’un sang d’amour.
La vita se ne va, quando trabocca.
La vie s’en va quand il déborde.
Trafitta muoio, e non dalla tua spada.
Transpercée je meurs, et pas de ton épée.
Mi si vuota il mio petto, e senza schianto.
Ma poitrine se vide ; et sans déchirement.
Non è sangue ? Ahi, Signore, è la rugiada !
N’est-ce pas du sang ? Ah, Seigneur, c’est la rosée !
L'alba piange su me tutto il suo pianto.
L’aube pleure sur moi toutes ses larmes.
2. L'alba sepàra dalla luce l'ombra
L'alba sepàra dalla luce l'ombra,
L‘aube sépare l’ombre de la lumière,
E la mia voluttà dal mio desire.
Et ma volupté de mon désir,
O dolce stelle, è l'ora di morire.
Oh douces étoiles, c’est l’heure de mourir.
Un più divino amor dal ciel vi sgombra.
Un plus divin amour vous éloigne du ciel.
Pupille ardenti, O voi senza ritorno
Pupilles ardentes, oh vous étoiles tristes
Stelle tristi, spegnetevi incorrotte !
sans retour, éteignez-vous dans votre pureté !
Morir debbo. Veder non voglio il giorno,
Je dois mourir. Je ne veux plus voir le jour,
Per amor del mio sogno e della notte.
Par amour pour mon rêve et pour la nuit.
Chiudimi, O Notte, nel tuo sen materno,
Enferme-moi, Oh Nuit, dans ton sein maternel,
Mentre la terra pallida s'irrora.
Tandis que la terre se baigne dans sa pâleur.
Ma che dal sangue mio nasca l'aurora
Mais que de mon sang naisse l’aurore
E dal sogno mio breve il sole eterno !
et de mon rêve bref le soleil éternel !
3. In van preghi, in vano aneli
In van preghi, in vano aneli,
En vain tu pries, en vain tu désires
in van mostri il cuore infranto.
En vain tu montres ton cœur brisé.
Sono forse umidi i cieli
Les cieux sont-ils devenus humides
perché noi abbiamo pianto ?
parce que nous avons pleuré ?
Il dolor nostro è senz'ala.
Notre douleur n’a pas d’aile.
Non ha volo il grido imbelle.
Il ne vole pas le cri pusillanime.
Piangi e prega ! Qual dio cala
Pleure et prie ! Quel dieu descend
pel cammino delle stelle ?
par le chemin des étoiles ?
Abbandónati alla polve
Abandonne-toi à la poussière
e su lei prono ti giaci.
Et penché sur elle, tu gis.
La supina madre assolve
La mère passive absout
d'ogni colpa chi la baci.
de toute faute celui qui l’embrasse.
In un Ade senza dio
Dans un Hadès sans dieu
dormi quanto puoi profondo.
Dors le plus fort que tu peux.
Tutto è sogno, tutto è oblìo :
Tout est rêve, tout est oubli :
l'asfodèlo è il fior del Mondo.
l’asphodèle est la fleur du Monde.
4. Che dici, o parola del Saggio?
Che dici, o parola del Saggio ?
Que dis-tu, oh parole du Sage ?
« Conviene che l'anima lieve,
« Il convient que l’âme légère,
sorella del vento selvaggio,
sœur du vent sauvage,
trascorra le fonti ove beve ».
traverse les sources où elle boit ».
Io so che il van pianto mi guasta
Je sais que de vains pleurs abîment
le ciglia dall'ombra sì lunga...
mes cils à l’ombre si longue…
O Vita, e una lacrima basta
Oh Vie, et une larme suffit
a spegner la face consunta !
pour éteindre le flambeau consumé !
Ben so che nell'ansia mortale
Je sais bien que dans l’angoisse mortelle
si sfa la mia bocca riarsa...
se défait ma bouche desséchée…
E un alito, o Vita, mi vale
Et un souffle, oh Vie, me permet
a sperder la cenere scarsa !
de disperser la cendre rare !
Tu dici : « Alza il capo ; raccogli
Tu dis : « Lève la tête, rassemble
con grazia i capelli in un nodo ;
avec grâce tes cheveux dans un chignon ;
e sopra le rose che sfogli
et sur les roses que tu effeuilles
ridendo va incontro all'Ignoto.
Va en riant à la rencontre de l’Inconnu.
L'amante dagli occhi di sfinge
L’amant changeant aux yeux de sphinx
mutevole, a cui sei promessa,
auquel tu es promise,
ha nome Domani ; e ti cinge
a pour nom Demain ; et il t’habille
con una ghirlanda più fresca ».
d’une guirlande plus fraîche ».
M'attende : lo so. Ma il datore
Il l’attend : je le sais. Mais celui qui donne
di gioia non ha più ghirlande :
la joie n’a plus de guirlande :
ha dato il cipresso all'Amore
il a donné le cyprès à l’Amour
e il mirto a Colei ch'è più grande,
et le myrte à Celle qui est plus grande,
il mirto alla Morte che odo
le myrte à la Mort que j’entends
rombar sul mio capo sconvolto.
Gronder sur ma tête dérangée.
Non tremo. I capelli in un nodo
Je ne tremble pas. Mes cheveux
segreto per sempre ho raccolto.
Je les ai pour toujours rassemblés dans un chignon secret ;
Ho terso con ambe le mani
J’ai essuyé de mes deux mains
l'estreme tue lacrime, o Vita.
Tes dernières larmes, oh Vie.
L'amante che ha nome Domani
L’amant qui a nom Demain
m'attende nell'ombra infinita.
M’attend dans l’ombre infinie.
RETOUR A LA TABLE DES MATIERES CHAPITRE 34 - Quelques poètes napolitains des XIXe et XXe siècles