Poésie en musique - chapitre 32
Chapitre 32
Giovanni Pascoli
Pascoli enfant (à droite) avec son père et deux de ses frères.
Presque dans la même période, l’Italie a connu un autre grand poète, Giovanni Placido Agostino Pascoli (1855-1912). Il est né à San
Mauro Pascoli di Romagna (prov. de Forlì-Cesena) où il vécut heureux jusqu’à 12 ans dans une famille aisée, son père Ruggero
Pascoli était intendant de la propriété la Torre des princes Torlonia.
Il a été marqué toute sa vie par la nature de Romagne de son enfance dont il sera le poète, par exemple
dans son La mia sera (1900). Son lyrisme sera souvent inspiré par l’admiration de la nature dans la
fraîcheur de ses jardins, de ses fleurs et de ses animaux.
San Mauro - Maison natale de Pascoli
L’autre événement déterminant de son enfance fut la destruction de sa famille par l’assassinat de
son père en 1867. Malgré trois procès et les soupçons de la famille, on n’a pas de certitude sur les auteurs et les raisons de
l’assassinat, concurrence professionnelle ?, mafia agricole ? rivalités politiques ? Pascoli rappela la mort de
son père dans sa poésie X agosto (1897), jour de la San Lorenzo. La mort du père fut aussitôt suivie du
décès de la mère, de la sœur aînée de Giovanni, Margherita (1867), puis de son frère Luigi en 1871, enfin
en 1876 de son frère aîné Giacomo, peut-être assassiné parce qu’il était sur le point de révéler le nom des auteurs de l’assassinat du
père. La famille de Pascoli était détruite ; les deux sœurs de Giovanni, Ida et Maria (Mariù), allèrent étudier dans un couvent de
sœurs agostiniennes à Sogliano al Rubicone, et à leur sortie en 1882, Pascoli devint leur seul soutien de famille. Depuis lors il devint
peu à peu le poète de la petite enfance (la « poetica del fanciullino »), regardant le monde avec les yeux de l’enfant dont il tente de
restituer les impressions.
Andrea Costa
En même temps, Pascoli poursuit ses études auprès des Pères Scolopiens d’Urbino, puis au Lycée d’Urbino, enfin au Lycée de Rimini
;
ils logeaient tous à Rimini. Il part ensuite à l’Université de Bologne de 1873 à 1882, où il fut aidé par un de ses
professeurs, Giosuè Carducci. Là il fit la connaissance du leader anarcho-socialiste Andrea Costa (1851-
1910), et il devint un militant socialiste actif ; il aurait même écrit une Ode a Passannante, l’anarchiste qui
avait tenté en vain d’assassiner le roi Humbert I. Pascoli fut arrêté, fit quelques jours de prison, et à la fin
du procès (Carducci témoigna en sa faveur), il fut acquitté. Par la suite, il abandonna sa militance socialiste,
et lors de l’assassinat d’Humbert I par Gaetano Bresci en 1900, il écrivit une poésie Al re Umberto.
Il obtient sa licence en 1882 et devient enseignant de latin et de grec à Matera et Massa Carrara. Il se sentit coupable d’avoir
abandonné se deux sœurs pendant ses études et dès qu’il le put, il habita et acheta le futur « nid familial » de Castelvecchio (prov. de
Lucca, Toscana), à l’extrême opposé géographique de sa maison natale ; il l’occupa, puis l’acheta, jusqu’à sa mort, avec ses sœurs Ida
(1863-1957) et Maria (« Mariù »», 1865-1953) ; Ida se maria, et Pascoli finit sa vie avec Mariù, qui n’accepta jamais qu’il se marie,
malgré son désir d’avoir une famille à lui, et ses nombreux amours, parmi lesquels sa cousine Imelda Morri.
Pascoli fut initié à la Maçonnerie dans une loge de Bologne en 1882 ; il enseigna à Livourne de 1887 à 1895 et commença à
collaborer avec la revue Vita nuova, où il publie les premières poésies de Myricae. C’est en 1895 qu’il est nommé à
l’Université de Bologne, il y prit la succession de Carducci en 1906 (chaire de Littérature italienne).
Souvent déprimé et se donnant parfois à l’alcoolisme, il se réfugia dans la poésie et dans la gestion de son nid familial, ayant aussi abandonné
la foi chrétienne pour une sorte d’agnosticisme mystique. Il s’intéressa aussi à la littérature pour l’enfance, lisant les Fables de Grimm et
d’Andersen, Ruskin, Wilde, Maeterlinck, Carroll, Alice au pays des merveilles, ou les livres comme ceux de Jules Verne, Kipling, Twain,
Salgari, London, Hector Malot, F. H. Burdett, de Amicis (Cuore de 1886) et Collodi (Pinocchio, 1887). Cela rejoignait la théorie de Pascoli
sur la poésie comme intuition pure dont la musicalité exprimait la sensibilité particulière. Il n’intervient qu’à la fin de sa vie sur des thèmes socio-
politiques, tenant par exemple un grand discours, La grande proletaria si è mossa, en 1911, en faveur de la guerre engagée par l’Italie en Libye.
Il préféra toujours la poésie de l’enfance où il pouvait chanter la beauté de nature de sa jeunesse, les travailleurs, la joie et les petites réalités
quotidiennes de la campagne.
Notons aussi qu’il obtint 13 fois la médaille d’or de poésie latine d’Amsterdam, de 1897 à 1912 ; le dernier prix semble avoir été donné en
1978.
Quasi nello stesso periodo, l’Italia ha conosciuto un altro gran poeta, Giovanni Placido Agostino Pascoli (1855-1912). È nato a San Mauro
Pascoli di Romagna (prov. di Forlì-Cesena) dove visse felice fino all’età di 12 anni in una famiglia agiata, suo padre Ruggero Pascoli era
amministratore della proprietà La Torre dei principi Torlonia.
Durante tutta la sua vita Giovanni è stato segnato dalla natura della Romagna dell’infanzia, di cui sarà il poeta, per
esempio nel suo La mia sera (1900). Il suo lirismo sarà spesso ispirato all’ammirazione della natura nella freschezza
dei suoi giardini, dei suoi fiori e dei suoi animali.
L’altro evento determinante della sua infanzia fu la distruzione della sua famiglia dall’assassinio di suo padre
nel 1867. Malgrado tre processi e i sospetti della famiglia, non si ha certezza sugli autori nè sulle ragion dell’
assassinio, concorrenza professionale ?, mafia agricola ?, rivalità politiche ? Pascoli ricordò la morte del padre
nella sua poesia X agosto (1897), giorno della San Lorenzo.
Studio di Pascoli a San Mauro
La morte del padre fu subito seguita da quella della madre, della sorella maggiore di Giovanni, Margherita (1867),
poi del fratello Luigi nel 1871, finalmente nel 1876 del fratello maggiore Giacomo, forse assassinato perché stava per
rivelare il nome degli autori dell’assassinio del padre. La famiglia di Pascoli era distrutta ; le due sorelle di Giovanni, Ida e Maria (« Mariù »)
andarono a studiare in un convento di suore agostiniane a Sogliano al Rubicone, e quando uscirono nel 1882, Pascoli diventò l’unico
sostegno di famiglia. Da allora diventò a poco a poco il poeta dell’infanzia (la « poetica del fanciullino »), guarda il mondo con gli occhi del
fanciullo, di cui tenta di restituire le impressioni.
Pascoli con la sorella Mariù
Nello stesse tempo, Pascoli continua gli studi nella scuola dei padri Scolopi d’Urbino, poi al Liceo d’Urbino, e infine al Liceo di Rimini, dove
tutta la famiglia alloggiava. Poi parte all’Università di Bologna dal 1873 al 1882, dove fu aiutato da uno dei suoi
professori, Giosuè Carducci. Lì incontra il leader anarco-socialista Andrea Costa (1851-1910), e cominciò la sua
militanza socialista attiva ; avrebbe anche scritto un’Ode a Passannante, l’anarchico che aveva tentato invano di
assassinare il Re Umberto I. Pascoli fu arrestato, fece alcuni giorni di prigione, e fu assolto alla fine del processo.
Più tardi, abbandona la militanza socialista, e dopo l’assassinio d’Umberto I da Gaetano Bresci, scrisse una
poesia Al Re Umberto.
Ottiene la laurea nel 1882 e diventa insegnante di latino e di greco a Matera e a Massa Carrara. Si sentì colpevole di aver abbandonato
le due sorelline durante i suoi studi, e appena ne ebbe la possibilità, andò ad abitare il futuro « nido familiare » di Castelvecchio (prov.
di Lucca, Toscana), all’estremo opposto geografico della casa natalizia ; l’occupò, e la comprò, fino alla sua morte, con le sorelle Ida
(1863-1957) e Maria (« Mariù », 1865-1953). Ida si sposò, e Pascoli finì la vita con Mariù che non accettò mai che lui si sposasse, malgrado il suo desiderio di
avere una famiglia sua e i suoi numerosi amori tra i quali sua cugina Imelda Morri.
Pascoli fu iniziato alla Massoneria in una Loggia di Bologna nel 1882 ; insegnò a Livorno dal 1887 al 1895 e cominciò a collaborare con la rivista Vita Nuova,
sulla quale pubblica le prime poesie di Myricae. Nel 1895 è nominato all’Università di Bologna, dove succede a Carducci (cattedra di Letteratura italiana).
Spesso depresso e dandosi talvolta all’alcoolismo, si rifugiò nella poesia e nella gestione del nido familiare, ha
anche abbandonato la fede cristiana per una specie d’agnosticismo mistico. S’interessa anche alla letteratura per
l’infanzia, leggendo le Favole di Grimm e d’Andersen, Ruskin, Wilde, Maeterlinck, Carroll, Alice al paese delle
Meraviglie, o libri come quelli di Jules Verne, Kipling, Twain, Salgari, London, Hector Malot, F.H. Burdett,
De Amicis (Cuore, 1886) e Collodi (Pinocchio, 1887). Quello raggiungeva la teoria di Pascoli sulla poesia come
intuizione pura la cui musicalità esprimeva la sensibilità particolare. Solo verso la fine della sua vita interviene su
temi socio-politici, facendo per esempio un gran discorso, La grande proletaria si è mossa, in favore della guerra
iniziata in Libia dall’Italia. Ma preferì sempre la poesia dell’infanzia in cui poteva cantare la bellezza della natura
della sua giovinezza, i lavoratori, la gioia e le piccole realtà quotidiane della campagna.
Notiamo anche che ottenne 13 volte la medaglia d’oro di poesia latina d’Amsterdam, dal 1897 al 1912 : l’ultimo
premio sembra essere dato nel 1978.
Giovanni Pascoli, 1855-1912
X Agosto
C’est la poésie du 9 août 1897 par laquelle Pascoli évoque la mort de son père le 10 août 1867, tué à coups de fusil par un inconnu ; il
avait alors 12 ans et ce fut le début d’une longue série de deuils ; depuis il parla toujours de son propre « nid » détruit par la vie. Il
l’évoque par l’image du Christ : les épines dans lesquelles meurt l’hirondelle, la croix (« come in croce »), le « pardon », le don des
poupées, les deux petites filles qui étaient dans la calèche de leur père quand il fut tué, comme le don du Salut apporté par Jésus ou
les dons des Rois Mages. La comparaison avec l’hirondelle, exemple de la référence pascolienne aux animaux, insiste sur le fait que ce
drame n’est pas seulement personnel et autobiographique, mais qu’il est le symbole du Mal universel qui domine toute la nature et fait
pleurer le Ciel, au début et à la fin du poème. Le Mal est la réalité de la Terre, opposée au Ciel qui la regarde impuissant. Le 10 août
était appelé « nuit de saint Laurent » en mémoire du saint martyrisé sur une grille de métal porté au rouge, dont les étoiles tombantes
rappellent les étincelles.
Pietro da Cortona (1596-1669), Martyr de saint Laurent, Florence, Sts Michel et Gaétan.
Comme souvent chez Pascoli, le texte repose sur une analogie entre l’homme et l’hirondelle, les larmes de l’homme et celles des
étoiles. La construction du texte traduit aussi un parallélisme entre la première et la dernière strophe (invocations à Saint Laurent et au
Ciel), tandis que des 4 strophes centrales, 2 sont consacrées à l’hirondelle, et 2 à l’homme.
La poésie se compose de 6 strophes de 4 vers de 10 et 9 pieds alternés, de rime ABAB, CDCD, etc. Le nom du recueil, Myricae, est
tiré des Bucoliques de Virgile, il désigne la plante de tamaris, petits arbustes du maquis méditerranéen ; Pascoli choisit cette plante
humble et simple pour montrer combien il préfère les petites choses de la vie quotidienne.
Les Skiantos en ont enregistré une version punk-rock en 1980 dans Pesissimo, et Gian-Maria Testa dans le disque posthume de
2019, Prezioso.
È la poesia del 9 agosto 1817 con la quale Pascoli evoca la morte di suo padre il 10 agosto 1867, ucciso a fucilate da uno
sconosciuto ; aveva allora 12 anni e fu l’inizio d’una lunga serie di lutti ; da allora lui parlò sempre del proprio « nido » distrutto
dalla vita. Lo evoca con l’immagine di Cristo : gli « spini » nei quali muore la rondine, la « croce », il « perdono », il « dono »
delle bambole, le due ragazzine che erano nel calesse del padre quando fu ucciso, come il dono della Salvezza da Gesù o i doni dei
Re Magi. Il paragone con la rondine, esempio di riferimento pascoliano agli animali, insiste sul fatto che quel dramma non è soltanto
personale e autobiografico, ma è anche il simbolo del Male universale che domina tutta la natura e fa piangere il Cielo nella prima e
nell’ultima strofa. Il Male è la realtà della Terra, opposta al Cielo che la guarda impotente. Il 10 agosto era chiamato « notte di san
Lorenzo » in memoria del santo martoriato su una graticola di metallo portato al rosso, di cui le stelle cadenti ricordano le scintille.
Come spesso in Pascoli, il testo ripone su un’analogia tra l’uomo e la rondine, le lacrime dell’uomo e quelle delle stelle. La
costruzione del testo traduce anche un parallelismo tra la prima e l’ultima strofa (invocazioni a san Lorenzo e al Cielo), mentre delle 4 strofe centrali, 2 sono
dedicate alla rondine e due all’uomo.
La poesia si compone di 6 strofe di 4 versi, decasillabi e novenari alternati, di rima ABAB, CDCD, ecc. Il titolo della raccolta, Myricae, è tratto dalle Bucoliche di
Virgilio, indica la pianta di tamerici, piccoli arbusti della macchia mediterranea ; Pascoli sceglie questa pianta umile e semplice per mostrare quanto preferisce le
piccole cose della vita quotidiana (immagine a sinistra).
Gli Skiantos ne hanno registrato una versione punk-rock nel 1980 in Pesissimo, e Gian-Maria Testa nel disco postumo del 2019, Prezioso.
X Agosto
(Giovanni Pascoli,
Revue Marzocco, 1896
Myricae, 4a edizione
Musica : Lecture Pistone
Skiantos, Pesissimo, 1980)
San Lorenzo, io lo so perché tanto
Saint Laurent, moi je sais pourquoi tant
di stelle per l'aria tranquilla
d’étoiles dans l’air tranquille
arde e cade, perché si gran pianto
brûlent et tombent, pourquoi de si grosses larmes
nel concavo cielo sfavilla.
Étincellent dans le ciel concave.
Ritornava una rondine al tetto :
Une hirondelle revenait sous son toit :
l'uccisero : cadde tra i spini ;
on l’a tuée : elle est tombée dans les épines ;
ella aveva nel becco un insetto :
elle avait dans son bec un insecte :
la cena dei suoi rondinini.
Le repas de ses petits.
Ora è là, come in croce, che tende
Elle et là maintenant, comme en croix,qui tend
quel verme a quel cielo lontano ;
ce vers vers ce ciel lointain ;
e il suo nido è nell'ombra, che attende,
et son nid est dans l’ombre, il attend
che pigola sempre più piano.
En pépiant toujours plus faiblement.
Anche un uomo tornava al suo nido :
Un homme lui aussi revenait vers son nid
l'uccisero : disse : Perdono ;
on l’a tué : il a dit : je pardonne ;
e restò negli aperti occhi un grido :
et il est resté avec un cri dans ses yeux ouverts
portava due bambole in dono...
il apportait un don de deux poupées…
Ora là, nella casa romita
Maintenant dans la maison solitaire
lo aspettano, aspettano in vano :
on l’attend, on l’attend en vain :
egli immobile, attonito, addita
lui, immobile et droit, il montre du doigt
le bambole al cielo lontano.
Les poupées au ciel lointain.
E tu, Cielo, dall'alto dei mondi
Et toi, Ciel, du haut des mondes
sereni, infinito, immortale,
sereins, infini immortel,
oh ! d'un pianto di stelle lo inondi
oh ! d’une larme d’étoiles tu l’inondes
quest'atomo opaco del Male !
cet atome opaque du Mal !
Lavandare
Vincent Van Gogh, La charrue et la herse, 1890. Musée Van Gogh
Madrigal de 2 tercets et 1 quatrain d’hendécasyllabes de rimes ABA CBC DEDE, proche de la culture populaire, plein de la
mélancolie exprimée par les cantilènes des femmes qui lavent leur linge en automne tandis que tombent les feuilles. Les 2 vers
de la fin sont d’ailleurs la citation italianisée d’un strambotto populaire retrouvé par Pascoli, Retorna, amore miè. Là encore une
analogie apparaît entre la charrue abandonnée après avoir labouré la moitié du champ (la partie noire labourée, la partie grise
non) et la lavandière dont l’amant est parti et ne revient pas que chante la cantilène.
Remarquer les allitérations (tu non torni, in mezzo al maggese et allitération du « r »), les rimes internes (sciabordare -
lavandare), l’importance des sensations visuelles dans la première strophe et auditives dans la seconde, pour exprimer ce
sentiment d’abandon et d’isolement de la lavandière, et derrière, celui du poète qui a perdu une grande partie des siens.
Madrigale di due terzine e una quartina di endécasillabi di rime ABA CBC DEDE, prossimo alla
culture popolare, pieno della malinconia espressa dalle cantilene delle donne che lavano la
biancheria in autunno mentre cadono le foglie. I due distici finali sono una citazione italianizzata d’uno strambotto popolare
ritrovato da Pascoli, Retorna amore miè. Qui ancora, un’analogia appare tra l’aratro abbandonato dopo aver arato metà del
campo (parte nera arata e parte grigia no) et la lavandaia il cui amante è partito e non torna cantato dalla cantilena.
Notare le alliterazioni (tu non torni, in mezzo al maggese, et alliterazione della « r »), le rime interne (sciabordare - lavandare),
l’importanza delle sensazioni visive nella prima strofa ed uditive nelle seconda, per esprimere quel sentimento d’abbandono e
d’isolamento della lavandaia, e dietro a quella, quelli del poeta che ha perso gran parte dei suoi.
Lavandare
(Pascoli Giovanni
Myricae, 3e édition,1894
Musica : Beppe Giampà,
Della fatal quiete)
Nel campo mezzo grigio e mezzo nero Dans le champ mi gris mi noir
resta un aratro senza buoi, che pare
il reste une charrue sans bœufs qui semble
dimenticato, tra il vapor leggero.
Oubliée dans la brume légère.
E cadenzato dalla gora viene
Et cadencé vient du canal
lo sciabordare delle lavandare
le claquement des lavandières
con tonfi spessi e lunghe cantilene :
avec ses bruits sourds et ses longues cantilènes :
Il vento soffia e nevica la frasca,
Le vent souffle, et il neige des feuilles
e tu non torni ancora al tuo paese !
et tu ne reviens pas encore dans ton village !
quando partisti, come son rimasta !
Quand tu es partie,comment ai-je pu rester ?
come l'aratro in mezzo alla maggese.
Comme la charrue au milieu de la friche.
La mia sera
Publié pour la première fois sur la revue Marzocco en 1900, ce poème se trouve dans la première édition des Canti di Castelvecchio en 1903. Après l’orage et la
pluie, voilà qu’arrive un temps de calme et de sérénité, jusqu’à ce que le poète retombe dans son enfance, quand il était endormi par la parole de sa mère, avant
que ses parents ne disparaissent, temps de bonheur. Et les cloches dont on entend le son ressemblent à une berceuse qui l’endort paisible. Ainsi dans la
vieillesse, après une vie d’orage et de malheur, revient le moment de la tranquillité. L’opposition est insistante entre la tempête (sa vie d’adulte) et la paix du soir
(sa vieillesse apaisée, le « dernier soir »). Et les voix des cloches qui l’endorment sont de plus en plus douces, du dire et du chant au simple murmure, et
l’évocation de la voix de sa mère le porte doucement à celle de l’enfance heureuse et au néant (il nulla), au sommeil qui est aussi la mort. Le pessimisme est peut-
être aussi profond que celui de Leopardi, mais il reste un phénomène personnel et moins une affirmation générale sur la nature humaine.
Le texte se compose de 5 strophes de 7 vers de 9 syllabes suivis d’un vers de 6 syllabes ; le rythme des rimes est ABABCDCD.
« Sera » est un mot-clé qui termine chaque strophe ; « mia » indique qu’il ne s’agit pas que de la description d’un paysage
après l’orage, mais aussi d’une allusion à l’apaisement de sa vie après un déroulement douloureux, cette vie où il n’a pas reçu
assez de bonheur comme les hirondelles n’ont pas reçu assez de nourriture à cause de l’orage, et les petits vont mourir après la
mort de leur mère tuée par des chasseurs. Et revient toujours le thème du « nid ».
Van Gogg, Nuit étoilée, 1889, New York
Remarquez les figures de rhétorique, onomatopées (le chant des grenouilles, le son des cloches), allitérations (vv. 11, 13-16, 34,
37), enjambements (vv. 5/6, 17/18…), oxymore (tenebra azzurra, fulmini fragili), antithèse (infinita tempesta / finita ; les
oppositions lampi/stelle, scoppi/pace… ), l’humanisation de la nature par les métaphores (le ruisseau qui sanglote…, le chant du
ruisseau, les étoiles qui s’ouvrent comme des fleurs), l’usage abondant des sensations physiques, visuelles, auditives, toujours
fréquentes chez Pascoli. Les sons des cloches sont comme les voix des ténèbres mais ces voix sont bleues parce qu’elles se
reflètent dans le ciel et ont sa couleur. La description n’est jamais objective, mais toujours symbolique de la vie intime du poète,
qui devient de plus en plus explicite. Ainsi la vie de l’auteur se fond intimement avec le rythme de la nature et des saisons.
Pubblicato per la prima volta sulla rivista Marzocco nel 1900, questo poema si trova nella prima edizione dei Canti di Castelvecchio nel 1903. Dopo il temporale e
la pioggia, ecco arriva un tempo di calma e di serenità, fin quando il poeta ricade nella sua infanzia, quando si addormentava con la parola della madre, prima che
scompaiano i genitori, tempo di felicità. E le campane di cui si sente il suono somigliano ad una ninna-nanna che lo addormenta
nella pace. Così nella vecchiaia, dopo una vita di sfortune e d’infelicità, torna il momento della tranquillità. L’opposizione è
insistente tra la tempesta (la vita adulta) e la pace della sera (la vecchiaia pacificata, « l’ultima sera »). E le voci delle campane
che lo addormentanp sono sempre più dolci, dal dire e dal cantare al semplice bisbigliare, e la voce della madre lo porta pian piano
all’evocazione dell’infanzia felice e al nulla, al sonno che è anche la morte. Il pessimismo è forse così profondo quanto quello di
Leopardi, ma resta un fenomeno personale et non un’affermazione generica sulla natura umana.
William Turner, Le matin après l’orage, 1843, Londres, Tate Gallery.
Il testo si compone di 5 strofe di 7 versi novenari seguiti da un senario ; il ritmo delle rime è ABABCDCD. « Sera » è una parola
chiave che conchiude ogni strofa ; « mia » indica che non si tratta soltanto della descrizione d’un paesaggio dopo la tempesta, ma
anche di un’allusione alla quiete della vita dopo uno sviluppo doloroso, quella vita in cui non ha ricevuto abbastanza felicità come le
rondini non hanno ricevuto abbastanza cibo a causa del temporale, e le rondinelle moriranno dopo la morte della madre uccisa da cacciatori. E torna sempre il
tema del « nido ».
Notate le figure di retorica, onomatopee (il canto delle rane, il suono delle campane), alliterazioni (vv. 11, 13-16, 34,37)), enjambement (vv. 5/6, 17/18… ), ossimori
(tenebra azzurra, fulmini fragili), antitesi (infinita tempesta / finita ; les opposizioni lampi / stelle, scoppio / pace…), l’umanizzazione della natura dalle metafore (il
rivo che singhiozza, il canto del rivo, le stelle che si « aprono » come i fiori sbocciano), l’uso abbondante delle sensazioni fisiche, visive, uditive, sempre frequenti
in Pascoli. I suoni delle campane sono come le voci delle tenebre ma quelle voci sono azzurre perché si riflettono nel cielo e prendono il suo colore. La
descrizione non è mai obbiettiva, ma sempre simbolica della vita intima del poeta, che diventa sempre più esplicita. Così la vita dell’autore si scioglie intimamente
col ritmo della natura e delle stagioni.
La mia sera
(Testo : Giovanni Pascoli, 1900
Canti di Castelvecchio, 1903
Musica : Stefano Palladini e Nazario Gargano,
Poesia in musica, 1994)
Il giorno fu pieno di lampi ;
Le jour fut plein d’éclairs ;
ma ora verranno le stelle,
mais maintenant viendront les étoiles,
le tacite stelle. Nei campi
les étoiles silencieuses. Dans les champs
c’è un breve gre gre di ranelle.
il y a un court gre gre de petites grenouilles.
Le tremule foglie dei pioppi
Les feuilles tremblantes des peupliers
trascorre una gioia leggiera.
sont parcourues d’une joie légère.
Nel giorno, che lampi ! che scoppi !
Dans le jour, quel éclairs ! quels éclats !
Che pace, la sera !
Le soir, quelle paix !
Si devono aprire le stelle
les étoiles doivent s’ouvrir
nel cielo sì tenero e vivo.
Dans le ciel si tendre et vif.
Là, presso le allegre ranelle,
Là, près des joyeuses petites grenouilles,
singhiozza monotono un rivo.
monotone sanglote un ruisseau.
Di tutto quel cupo tumulto,
De tout ce sombre tumulte,
di tutta quell’aspra bufera,
de toute cette âpre tempête,
non resta che un dolce singulto
il ne reste qu’un doux sanglot
nell’umida sera.
dans le soir humide.
È, quella infinita tempesta,
Cette tempête infinie a fini
finita in un rivo canoro.
dans le chant d’un ruisseau.
Dei fulmini fragili restano
Des éclairs fragiles ne restent
cirri di porpora e d’oro.
Que des boucles ( des cirrus ?) de pourpre et d’or.
O stanco dolore, riposa !
O douleur fatiguée, repose-toi !
La nube nel giorno più nera
Le nuage le plus noir dans le jour
fu quella che vedo più rosa
fut celui que je vois plus rose
nell’ultima sera.
à la fin du soir.
Che voli di rondini intorno !
Quel vol d’hirondelle tout autour !
che gridi nell’aria serena !
Que de cris dans l’air serein !
La fame del povero giorno
La faim du pauvre jour
prolunga la garrula cena.
prolonge le souper gazouillant.
La parte, sì piccola, i nidi
Dans le jour, les nids n’ont pas eu
nel giorno non l’ebbero intera.
leur part, si petite soit-elle.
Nè io... e che voli, che gridi,
Moi non plus… et quels vols, quels cris,
mia limpida sera !
mon soir limpide !
Don... Don... E mi dicono, Dormi !
Don… don… Et elles me disent, Dors !
mi cantano, Dormi ! sussurrano,
Elles me chantent, Dors ! Elles susurrent
Dormi ! bisbigliano, Dormi
Dors ! Elles murmurent, Dors
là, voci di tenebra azzurra...
là, voix de ténèbres obscures…
Mi sembrano canti di culla,
On dirait des chants de berceau,
che fanno ch’io torni com’era...
qui font que je redeviens comme j’étais…
sentivo mia madre... poi nulla...
j’entendais ma mère… puis plus rien…
sul far della sera.
quand arrivait le soir.
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