Poésie en musique - chapitre 14
Chapitre 14
La culture populaire traditionnelle
Deux images de travaux populaires extraites de : Alberto Paleari, Canti popolari di Lombardia,
Edizioni dell’Ambrosino, 1991.
La culture officielle (enseignée à l’école) ne permet pas de comprendre l’histoire de la
culture populaire : elle est construite sur les livres, sur l’écrit, et ne considère pas comme
« culture » la tradition populaire qui était avant tout orale. Pendant longtemps beaucoup
d’historiens ont dit que l’on ne pouvait rien savoir de sérieux sur Rome avant 390 av. J.C.
parce qu’à cette date, les Gaulois avaient détruit les archives écrites de la ville ;
heureusement, à partir de 1980, l’archéologie a démontré le contraire et permis de
considérer d’une autre façon le contenu historique de la « légende ». Référons-nous à la
définition adoptée en 1954 par l’International Folk Music Council : « La musique
populaire est le produit d’une tradition musicale qui a évolué à travers le processus de la
tradition orale. Les facteurs ui donnent forme à la tradition sont : 1) la continuité qui unit le
présent au passé ; 2) la vériation qui naît de l’impulsion créatrice de l’individu et du
groupe ; 3) la sélection opérée par la communauté et qui détermine la forme ou les
formes sous lesquelles la musique survit ». On pourrait élargir à la culture populaire.
Mais cette définition ne tient pas compte du fait qu’il s’agit d’un monde, d’une société humaine totalement différents de ceux
dans lesquels vit la culture écrite, savante. Elle n’utilise donc pas par exemple les classifications, que nous utilisons nous, de
« genre », et les chansons entrent indifféremment dans de nombreuses catégories, selon le lieu et l’occasion du chant, baptême,carnaval, procession religieuse,
jeux entre garçons et filles, etc. Nous sommes surpris de trouver dans un chant religieux napolitain pour une procession à la Vierge une allusion à un rapport
sexuel dans un champ de tomates (Voir sur ce point l’ouvrage de Jean Guichard, La chanson en Italie, des origines aux lendemains de 1968, Presses
Universitaires de Provence, en particulier le chapitre I sur la chanson populaire et l’Annexe sur l’histoire de la chanson napolitaine).
Référons-nous pour compléter à la description faite par Albert Lancaster Llyod (1908-1982) en 1-67 : « Voyons de façon absolument hypothétique comment un
chant populaire peut naître, et quel cours peut avoir sa vie. Supposons qu’un paysan soit en train de labourer un champ. Le travail est dur et il est angoissé par le
comportement de son fils. Pour se distraire et pour se consoler, il se met à chanter une chanson. Peut-être emploie-t-il une mélodie qu’il connaît ou peut-être en
utilise-t-il une qui est seulement semblable ; peut-être a-t-il en mémoire plusieurs mélodies et prend-il un morceau de l’une et un morceau d’une autre ; peut-être
se sert-il d’une mélodie qui lui semble complètement nouvelle mais qui n’est probablement que le souvenir d’un vieux motif auquel il apporte des modifications. À
cette mélodie il adapte un texte, celui-ci aussi probablement créé sur des éléments déjà connus auxquels il ajoute les éléments propres de son expérience
personnelle. Plus tard, à la cuisine avec les gens de sa famille ou à l’auberge le samedi soir, quand il y a trop de gens pour faire des jeux de société, il essaie de
chanter sa chanson. Peut-être qu’elle n’est pas assez belle ou qu’elle est trop personnelle pour attirer l’attention des gens présents et ainsi personne n’y fait
attention et la chanson meurt sur les lèvres de son interprète. Mais il se peut aussi que ce soit la description d’une expérience commune et peut-être qu’elle se
trouve en parfaite syntonie avec l’atmosphère du lieu et à la fin, peut-être que l’un de ceux qui écoutent la trouve belle et décide
de l’insérer dans son répertoire. En rentrant chez elle, cette seconde personne repense à la chanson. Elle l’a en partie oubliée et
elle remplit les lacunes avec quelque chose qui appartient à son expérience. Elle n’aime pas d’autres parties et elle fait alors
travailler son imagination. Peu de temps après, elle est en mesure de chanter la chanson qui est maintenant différente de
l’original ».
Chanteurs populaires autour d’une table, à Santa Croce (Florence), dans une photographie de Ferdinando Scianna, 1943
Plus loin, Llyod poursuit ainsi : « Peut-être un charretier portera-t-il la chanson dans le comté voisin et l’introduira-t-il dans une
nouvelle communauté. La chanson passera de cette façon de bouche en bouche, d’un lieu à un autre, du père au fils, d’un âge
à un autre, et elle entrera dans l’énorme réservoir de la mémoire collective. Elle mènera une vie capricieuse, avec des fortunes
variées. Elle pourra se multiplier en d’innombrables variantes, dont quelques-unes
seront très semblables à l’original, d’autres si éloignées qu’elles constitueront
pratiquement des chants nouveaux. À certaines époques elle connaîtra une diffusion très large, à d’autres elle disparaîtra
presque complètement, ou sortira momentanément de la mode parce qu’elle ne correspondra plus aux nécessités
psychologiques de l’époque.Peut-être que des variantes plus en rapport avec les nécessités du moment pourront mettre
l’original hors de l’usage populaire » (Albert Lancaster Llyod (1908-1982), Folksong in England, Panther Books,
London, 1967, pp. 73-77 - Réédité en 1975).
Mondines au travail
Et écoutons quelques chansons de l’époque, reprises sous la forme pratiquée aujourd’hui. La musique populaire a donc
une valeur d’usage (Voir sur ce point l’article de Jean Guichard, La chanson, de valeur d’usage à valeur d’échange,
dans la revue Franco-Italica, n° 12, automne 1998), elle est produite et consommée par une communauté donnée, elle n’est pas faite pour le « spectacle », elle a
une fonction précise, elle accompagne le travail, les usages domestiques quotidiens, les fêtes, les soirées, les luttes politiques, etc., d’où le phénomène des «
variantes et « l’anonymat de la création » : il y a toujours un auteur, mais la communauté s’approprie la création et deviendra l’auteur.
La cultura popolare del Rinascimento
La cultura ufficiale (insegnata a scuola) non permette di capire la storia della cultura popolare : è costruita sui libri, sulla scritto, e non considera come « cultura » la
tradizione popolare che era prima di tutto orale. Per molto tempo, molti storici hanno detto che non si poteva sapere niente di serio su Roma prima del 390 av.C.
perché a quella data i Galli avevano distrutto l’archivio scritto della città ; fortunatamente, dal 1980, l’archeologia ha dimostrato il contrario e permesso di
considerare in altro modo il contenuto storico della detta « leggenda ». Riferiamoci dunque alla definizione adottata nel 1954 dall’International Folk Music Council :
« La musica popolare è il prodotto d’una tradizione musicale che si è venuta evolvendo attraverso il processo della tradizione orale. I fattori che danno forma alla
tradizione sono : 1° la continuità che unisce il presente al passato ; 2° la variazione che nasce dall’impulso creativo del singolo e del gruppo ; 3° la selezione
operata dalla comunità e che determina la forma con le forme in cui la musica sopravvive ».
Ma questa definizione non tiene conto che si tratta di un mondo, di una società umana, totalmente differente da quella in cui vive la cultura scritta, dotta. Per
esempio, non usa dunque le stesse classificazioni che usiamo noi, di « genere », e le canzoni entrano indifferentemente in tante categorie, secondo il luogo e
l’occasione del canto, battesimo, carnevale, processione religiosa, giochi tra ragazzi e ragazze, ecc. Noi siamo sorpresi di trovare in un canto religioso napoletano
per una processione alla Vergine un’allusione ad un rapporto sessuale nel campo di pomodori.
Riferiamoci per completare alla descrizione fatta da Albert Lancaster Llyod nel 1967 : «Vediamo in via assolutamente ipotetica come un canto popolare può
nascere e quale corso possa avere la sua vita. Supponiamo che un contadino stia arando un campo. Il lavoro è duro e lui è angosciato dal comportamento
della
sua ragazza. Per distrarsi e per consolarsi si mette a cantare una canzone. Forse usa una melodia a lui già nota o forse ne usa una soltanto simile; forse ha in
mente più melodie e prende un pezzo da una e un pezzo da un'altra; forse usa una melodie che gli sembra completamen- te nuova ma che probabilmente non è
che il ricordo di un vecchio motivo cui sta apportando modifiche. A questa melodia adatta un testo, anche questo probabilmente creato su elementi già noti ai quali
aggiunge elementi propri della sua esperienza personale. Più tardi, in cucina con i familiari o all'ostetia il sabato sera quando c'è troppa gente per fare giochi di
società, prova a cantare la sua canzone. Può essere che non sia troppo bella o che sia troppo personale per attirare l'attenzione degli astanti e così nessuno vi fa
caso e la canzone muore sulle labbra del suo interprete. Ma può anche essere che sia la descrizione di un'esperienza comune e può essere che si trovi in perfetta
sintonia con l'atmosfera del luogo e alla fine può essere che uno degli ascoltatori la trovi bella e decida di inserirla nel suo repertorio. Tornando a casa questa
seconda persona ripensa alla canzone. In parte l'ha dimenticata e allora riempie le lacune con qualche cosa di suo. Altre parti non gli piacciono più e così fa
lavorare la fantasia. Entro breve è in grado di cantare la canzone che però ora è già differente dall'originale». Prosegue più avanti Lloyd : «Forse un carrettiere
porterà la canzone nella contea vicina e la introdurrà in una nuova comunità. La canzone in questo modo passerà di bocca in bocca, da un luogo all’altro, dal padre
al figlio, da un’età all’altra, ed entrerà nell’enorme serbatoio della memoria collettiva. Condurrà una vita capricciosa, con alterne fortune. Potrà moltiplicarsi in
innuerevoli varianti, alcune delle quali assai simili all’originale, altre tanto lontane da costituire praticamente canti completamente nuovi. In alcuni momenti
conoscerà una diffusione vastissima, in altri praticamente scomparirà e almeno momentaneamente uscirà di moda non corrispondendo più alle necessità
psicologiche del momento. Forse varianti più in tono con le necessità del momento potranno cacciare l’originale fuori dall’uso popolare » (Albert Lancaster Llyod
(1908-1982), Folksong in England, Panther Books, London, 1967, pp.76-77 - Ristampato nel 1975).
E ascoltiamo alcune canzoni dell’epoca, riprese sotto la forma praticata oggi. La musica popolare ha dunque un valore d’uso, non è fatta per lo spettacolo, ha una
funzione precisa, accompagna il lavoro, gli usi domestici, le feste, le serate, ecc., quindi il fenomeno delle varianti e « l’anonimato » della creazione : c’è sempre
un autore, ma la comunità si appropria la creazione e diventa l’autore.
DONNA LOMBARDA
Versione premanese del più famoso canto narrativo italiano
(Nigra 1) Cantori di Premana, Regione Lombardia 9,
LP, Disco Albatros, VPA 8372/RL
Donnà lombàrda perchè non mi àmi Dame lombarde, pourquoi tu ne m’aimes pas
perchè gh’o ‘l marì perchè gh’o ‘l marì parce que j’ai un mari, parce que j’ai un mari
si ài ‘l marìto fallo morire Si tu as un mari, fais-le mourir
si ài ‘l marìto fallo morire Si tu as un mari, fais-le mourir
t’inségnero mì t’inségnero mì Je t’apprendrai moi, je t’apprendrai
va nèl giardino del sìgnor pàdre Va dans le jardin de monsieur ton père
va nèl giardino del sìgnor pàdre Va dans le jardin de monsieur ton père
che c’è la ‘n serpént
e car il y a là un serpent
taglià la tèsta di quèl serpénte Coupe la tête à ce serpent
taglià la tèsta di quèl serpénte Coupe la tête à ce serpent
poi pèstela bén poi pèstela bén puis écrase-la bien, écrase-la bien
e quàndo pòi l’ì ben pestàta Et quand tu l’auras bien écrasée
e quàndo pòi l’ì ben pestàta Et quand tu l’auras bien écrasée
mettìla nel vìn mettìla nel vìn mets-la dans le vin, mets-la dans le vin
no nò bevéte o pàdre moi Non ne buvez pas, oh mon père
no nò bevéte o pàdre moi Non ne buvez pas, oh mon père
che c’è del velén car il y a du poison
levò la spàda che téngo al fiànco Je lève l’épée que j’ai à mon côté
ti vòglio mazàr ti vòglio mazàr je veux te tuer, je veux te tuer.
(Voir le commentaire de cette chanson sur ce site dans « Chanson - Histoire des peuples d’Italie et chanson, 2ème partie, I »)
Un autre classique est « L’histoire de Cécile », dont Costantino Nigra donne déjà 5 versions de la Lombardie à l’Istrie, mais il signale qu’elle est connue aussi à
Gênes, Naples, Palerme, la Catalogne et qu’elle a donc une diffusion « nationale » et européenne (Canti popolari del Piemonte, 1888, et Einaudi, 1967, Vol. I, pp.
53sq.). Il la rapporte soit à l’histoire d’un tribun romain au temps de l’empereur Othon III (980-1002), soit à un drame de Shakespeare. Mais on peut aussi
l’interpréter comme une évocation de la domination des Espagnols sur l’Italie à partir des débuts du XVIe siècle où, en Lombardie comme dans le Royaume de
Naples, les « capitaines » exerçaient leur pression, entre autres sexuelles, sur les habitants. En voici 3 versions, du Nord et de Toscane. Certaines autres se
termineront par la mise à mort du capitaine par Cecilia ; une version romaine des lendemains de la seconde guerre mondiale la reprendra en l’actualisant à partir
d’un fait réel romain de la fin de la guerre. En réalité, il semble que le texte du Canzoniere Internazionele soit une reprise du XIXe siècle, car le couvent des Murate
ne fut définitivement transformé en prison qu’à partir de 1832. On a donc ici une chanson qui a été reprise et adaptée au cours des siècles.
STORIA DELLA CECILIA
(Lezione di Caterina Bueno)
La povera Cecilia che piange il suo mari' La pauvre Cécile qui pleure son mari
Gliel'hanno carcerato glielo fanno mori' on l’a mis en prison, on veut le faire mourir
Vanne vanne o Cecilia e non pensa' all'onor Vas-y, vas-y, Cécile, ne pense pas à ton honneur
Levami da ste pene levami di prigion. Tire-moi de prison, tire-moi de prison.
Senta sor capitano sono venuta a dormi' Écoutez, monsieur le Capitaine, je suis venue dormir avec vous
se lei mi fa la grazia salvare il mio mari' si vous me faites la grâce de sauver mon mari.
Prendila la sieda e metteti a sede' prends une chaise et assieds-toi
E quando avrò cenato a letto si va assieme et quand j’aurai dîné on ira au lit ensemble
Tavola apparecchiata letto per riposà
Table mise et lit pour se reposer
Colle bianca lenzuola oh che felicità
avec des draps blancs, quel bonheur.
A mezzanotte in punto Cecilia da un sospir À minuit, Cécile pousse un soupir
Cos'hai cos'hai Cecilia da sospirar cosi' Qu’as-tu, qu’as-tu, Cécile, à soupirer comme ça ?
Ce l'ho la pena in core che mi sento mori' J’ai de la peine au cœur, car je me sens mourir
L'ho fatto un brutto sogno l'è morto il mio mari J’ai fait un vilain rêve, mon mari il est mort.
Dormi dormi o Cecilia e non pensar così Dors, dors, Cécile et ne pense pas ça
Che domattina all'alba il tuo marito è qui car demain matin ton mari sera là.
Alla mattina all'alba Cecilia va al balcon Le matin à l’aube Cécile va au balcon
Vede il marito morto col capo a ciondolon elle voit son mari mort, il a été pendu.
Vile d'un capitano tu m'hai saputo tradi' Lâche capitaine, tu as su me trahir
L'hai tolto a me l'onore la vita al mio mari' Tu as pris à moi l’honneur, la vie à mon mari
(Zitta zitta o Cecilia e non parla' così
Tais-toi, tais-toi,ô Cécile et ne parle pas comme ça
Principi e cavalieri tutti mariti a te les princes et les chevaliers sont tous des maris pour toi.
Io non voglio ne' prencipi neppure fosse re Je ne veux pas de prince même s’il était roi
solo il marito mio voleva bene a me)
Il n’y a que mon mari qui m’aimait.
Addio belli paesi addio addio belle città Adieu beaux pays, adieu, belles villes
Addio casa paterna Cecilia se ne va.
Adieu maison paternelle, Cécile s’en va.
(Versione piemontese di Roberto Balocco)
Cecilia, bela Cecilia, a piôra neuit e dì
l'ha sò marì in prigione, lô veulô fè morì.
A và dal Capitani: "Na grassia vôrija mì,
vôrija che m'salveisse la vita a mè marì".
« La grassia sarà faita, durmì na neuit côn mì »
« Andrai ciamè licenssa, licenssa a mè marì ».
« Cecilia, bela Cecilia, che neuve a j'è per mì ? ».
« Na neuit côl Capitani dôvrija andèi a durmì ».
Cecilia, bela Cecilia, andè pura a durmì,
salveme a mì la vita, l'ônôr i penssrù mì".
Na neuit côl Capitani, Cecilia l'ha durmì,
ma la matin bônôra l'ha vist pendù 'l marì".
Scôtè sôr Capitani, vôi m'avei tradì,
m'ej levà l'onore, la vita al mè marì".
"Piôre pa tant Cecilia, bela spôseme mì ».
« Mai pì mi spôserija 'l boia d' mè marì ».
VANNE VANNE CECILIA
(Lezione toscana, Canzoniere internazionale)
Vanne vanne Cecilia vanne dal capitan
Vas-y, vas-y, Cécile, chez le capitaine
e chiedigli una grazia che lui te la farà et demande-lui une grâce, il te la fera
Grazia signor capitano che grazia vuoi da me Grâce, Monsieur le Capitaine, Quelle grâce veux-tu de moi ?
grazia ti sarà fatta vieni a dormire con me Cette grâce tu l’auras, viens dormir ave moi.
Ora vo' alle Murate a dirlo al mio mari' Je vais aller aux Murate le dire à mon mari
se lui sarà contento stasera sarò qui S’il est d’accord, ce soir, je serai ici.
Vanne vanne Cecilia ma non pensare all'onor Vas-y, vas-y, Cécile, ne pense pas à ton honneur
salva la vita mia levami di prigion
Sauve ma vie, tire-moi de prison.
Quando fu mezzanotte Cecilia fa un sospir Quand il fut minuit, Cécile fait un soupir
il capitano l'abbraccia e un bacio gli vuol dar le capitaine la serre dans se bras et veut lui donner un baiser
Che ha' tu che ha' tu Cecilia che tu non puoi dormir
Qu’as-tu, qu’as-tu, Cécile, que tu ne peux dormir ?
un sogno brutto l'ho fatto che è morto il mio mari' J’ai fait le vilain rêve que mon mari est mort
E la mattina si affaccia a lo balcon Et le matin elle se met au balcon
lo vede il suo marito col capo ciondolon
elle voit son mari pendu.
Grazia signor capitano lei me l'ha fatta sì Ta grâce, Monsieur le Capitaine, tu me l’as bien faite
la mi ha tolto l'onore la vita al mio mari' tu as pris mon honneur, la vie à mon mari
Addio castel di paglia, fl castello fiorentin Adieu château de paille, château florentin
me l'hai tolto l'onore la vita al mio mari'
tu as pris mon honneur, la vie à mon mari
Non vo' (6) più capitani non voglio più mari' Je ne veux plus de capitaine, je ne veux plus de mari
son colla rocca e i' fuso me ne vo' stare così J e suis avec ma quenouille et mon fuseau, je veux rester comme ça.
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Cecilia, bella Cecilia, piange notte e giorno -
ha il marito in prigione, vogliono farlo morire -
Ella va dal Capitano: Una grazia vorrei per me -
vorrei che salvaste la vita a mio marito -
La grazia sarà fatta, dormite una notte con me -
Andrò a chiedere licenza, licenza a mio marito -
Cecilia, bella Cecilia, che notizie portate per me ? -
Una notte col Capitano dovrei andare a dormire -
Cecilia, bella Cecilia, andate pure a dormire -
salvatemi la vita che all'onore ci penserò io -
Una notte col Capitano, Cecilia ha dormito -
ma alla mattina di buonora ha il marito impiccato -
Ascoltate signor Capitano, voi mi avete tradito -
avete tolto a me l'onore e la vita a mio marito -
Non piangete tanto Cecilia, bella sposate me -
No, mai io sposerei il boia di mio marito.