Poésie en musique - chapitre 12
Chapitre 12
La poésie de la Renaissance à Florence : Lorenzo de’Medici, Angelo Poliziano, Luigi Pulci.
Qu’entend-on par Renaissance ?
1) Si l’on pense à un retour à la littérature, aux philosophes et à la vie de L’Antiquité, elle commence déjà au XIVe
siècle avec Dante, Pétrarque et Boccace qui passaient une partie de leur temps à rechercher des manuscrits
anciens, à écrire en latin la vie des héros et des Dieux de l’Antiquité. Le Dieu chrétien est appelé Jupiter par Dante. Au
XVe siècle, avec l’arrivée en Italie des philosophes grecs chassés par les Musulmans, on étudie de plus en plus le
grec ; à Florence, Marsile Ficin (1433-1499), le philosophe préféré de Laurent de Médicis, traduit Platon en italien.
Ghirlandaio, Vie de St Jean-Baptiste, Florence, Santa Maria Novella, 1483-5 -Portraits de Ficin, Landino, Politien, Greco.
2) La pensée et le mode de vie changent : une nouvelle classe est maintenant dominante, celle des industriels, des
commerçants, des banquiers qui s’est développée dans les communes du Moyen-Âge, au moins dans l’Italie du centre
et du nord, dont les plus puissantes forment une nouvelle aristocratie qui a besoin d’avoir d’autres valeurs, la
connaissance scientifique (Cf. Léonard de Vinci) et les sciences en général (Cf. Pic de la Mirandole, 1463-1494
(critiqué par Blaise Pascal), théologien, poète, linguiste – on dit qu’il connaissait 22 langues), le calcul (ils sont banquiers), les
mathématiques, tout en recherchant le luxe, la beauté, dans leurs nouveaux palais, dans leur vie quotidienne, dans le corps des
femmes ; d’où un extraordinaire développement de la peinture (de Botticelli à Léonard de Vinci) Mais ils pratiquaient aussi un
refus de certains aspects de la pensée chrétienne, particulièrement le concept de péché originel interprété comme « péché de
chair ». En conséquence, l’amour physique, la sensualité ne sont plus un péché (Boccace l’avait déjà affirmé dans le Décaméron,
et nous ne sommes qu’en 1350) mais deviennent une valeur vitale : les deux poésies de Laurent et du Politien en sont une
illustration parfaite.
Giorgio Vasari, Portrait de Laurent de Médicis, 1533-34, Offices Florence
Laurent de Médicis (1449-1492), fils de Pierre de Médicis (1416-1469) et petit-fils de Côme de Médicis (1389-1464), lui
succède après sa mort et devient l’homme le plus puissant de la République florentine (sa banque est l’une des plus riches et elle a
des filiales dans toute l’Europe, par exemple à Lyon), après la conjuration des Pazzi en 1478, et il parvient à faire régner la paix
dans toute l’Italie jusqu’à sa mort en 1492, date clé dans l’histoire italienne.
Ange Politien (1454-1494), né dans une famille aristocratique, fut l’un des grands intellectuels de l’humanisme de la Renaissance,
ami et précepteur de la famille de Laurent, lecteur et poète qui écrivait en grec et en latin, un des premiers philologues en « langue
vulgaire », c’est-à-dire en italien.
Cosa si intende per Rinascimento ?
1) Se si pensa a un ritorno alla letteratura, ai filosofi e alla vita dell’Antichità, comincia già nel Trecento, con Dante, Petrarca e Boccaccio che passavano una parte
del loro tempo a ricercare manoscritti antichi, a scrivere in latino la vita degli eroi e degli Dei dell’Antichità. Il Dio cristiano è chiamato Giove da Dante. Nel
Quattrocento, coll’arrivo dei filosofi greci in Italia, cacciati dai Musulmani, si studia di più il greco ; a Firenze Marsilio Ficino (1433-1499), il filosofo preferito di
Lorenzo dei Medici, traduce Platone in italiano.
2) Il pensiero e il modo di vita cambiano : una nuova classe è adesso dominante, quella degli industriali, di commercianti, dei banchieri sviluppatisi nei comuni del
medioevo, almeno nell’Italia del centro e del nord, e di cui i più potenti formano una nuova aristocrazia che ha bisogno di aver altri valori, la conoscenza scientifica
(Cf. Leonardo) e le scienze in generale (Cf. Pico della Mirandola, 1463-1494, filosofo, – criticato da Blaise Pascal –, teologo, poeta, linguista - si dice che
conosceva 22 lingue) e il calcolo (sono banchieri), la matematica, pur ricercando il lusso, la bellezza, nei loro nuovi palazzi, nella loro vita quotidiana, nel corpo
delle donne, quindi uno straordinario sviluppo della pittura (da Botticelli a Leonardo da Vinci). Ma anche un rifiuto di certi aspetti del pensiero cristiano,
particolarmente del concetto del peccato originale. In conseguenza, l’amore fisico, la sensualità non sono più un peccato (Il Boccaccio l’aveva già affermato nel
Decamerone, e siamo soltanto nel 1350) ma diventano un valore vitale : quelle due poesie di Lorenzo dei Medici (1449-1492) e del Poliziano (1454-1494) ne
sono un’illustrazione perfetta.
Lorenzo de’ Medici, figlio di Piero de’ Medici e nipotino di Cosmo, gli succede dopo la sua morte e diventa l’uomo più potente della Repubblica fiorentina (la
sua banca è una delle più ricche e ha filiali in tutta l’Europa, per esempio a Lione), dopo la congiura dei Pazzi nel 1478, e riesce a far regnare la pace in tutta l’Italia
fino alla sua morte nel 1492, data chiave nella storia d’Italia.
Agnolo Poliziano, nato in una famiglia aristocratica, fu uno dei grandi intellettuali dell’ umanesimo rinascimentale, amico e precettore della famiglia di Lorenzo,
lettore e poeta che scriveva in greco e in latino, uno dei primi filologi in lingua volgare, cioè in italiano
Lorenzo dei Medici (1449-1492), Chi non è innamorato
Canzoni a ballo XVIII
(Musica : Stefano Palladini e Nazario Gargano
Poesie in musica, Look, 1994)
Chi non è innamorato
Que celui qui n’est pas amoureux
esca di questo ballo,
sorte de ce bal,
ché faria fallo a stare in sí bel lato.
car il ferait erreur de rester dans un si belle compagnie.
Se alcuno è qui, che non conosca amore,
Si quelqu’un est ici et qu’il ne connaisse pas l’amour
parta di questo loco ;
qu’il parte de ce lieu :
perch’esser non potria mai gentil core
car il ne pourrait jamais être un cœur noble
chi non sente quel foco.
celui qui ne sent pas ce feu.
Se alcun ne sente poco,
Si quelqu’un le sent peu
si le sue fiamme accenda,
qu’il allume ses flammes,
che ognun lo intenda ; e non sará iscacciato afin que chacun le comprenne ; et il ne sera pas chassé.
Amor in mezzo a questo ballo stia,
Que l’amour soit au milieu de cs bal
e chi gli è servo, intorno.
et ses serviteurs autour de lui.
E, se alcuno ha sospetto o gelosia,
et si quelqu’un a des soupçons ou de la jalousie
non facci qui soggiorno ;
qu’il ne demeure pas ici ;
se non, che arebbe scorno. il n’en aurait que de la honte.
Ognun ci s’innamori,
Que chacun tombe amoureux,
o esca fuori del loco tanto ornato.
ou qu’il sorte de ce lieu si orné.
Se alcuna per vergogna si ritiene
Si une dame par honte se retient
di non s’innamorare,
de tomber amoureuse,
vergognerassi, s’ella pensa bene,
qu’elle ait honte si elle y pense bien,
piú tosto a non lo fare :
de ne pas le faire :
non è vergogna amare
il n’y a pas de honte à aimer
chi di servirti agogna ;
celui qui désire te servir ;
saria vergogna chi gli fussi ingrato.
ce serait une honte de ne pas lui céder.
Se alcuna ce ne fussi tanto vile,
S’il y avait une dame qui fût assez vile
che lasci per paura,
pour renoncer par peur,
pensi bene che un core alto e gentile
qu’elle pense bien qu’un cœur élevé et noble
queste cose non cura.
ne se soucie pas de ces choses.
Non ha dato Natura
La Nature ne vous a pas donné
tanta bellezza a voi,
tant de beauté
acciò che poi sia il tempo male usato
pour que le temps soit ensuite mal employé.
Ben venga maggio
Testo : Angelo Poliziano (1454-1494) Canzoni a ballo, CXXII
Musica : Stefano Palladini, Nazario Gargano, Poesia in musica, Look Studio, 1994
Ben venga maggio
Que vienne le mois de mai
E 'l gonfalon selvaggio !
et la bannière sauvage !
Ben venga primavera
Que vienne le printemps
Che vuol l'uom s'innamori ;
qui veut que l’on tombe amoureux ;
E voi, donzelle, a schiera
et vous, jeunes filles, en troupe
Con li vostri amadori,
avec vos amoureux
Che di rose e di fiori
vous qui de roses et de fleurs
Vi fate belle ìl maggio,
vous faites belles en mai
Venite alla frescura
venez à la fraîcheur
Delli verdi arbuscelli.
des petits arbres verts.
Ogni bella è sicura
Toutes les belles sont sûres
Fra tanti damigelli ;
au milieu de tant de damoiseaux ;
Che le fiere e gli uccelli
les bêtes fauves et les oiseaux
Ardon d'amore ìl maggio.
brûlent d’amour en mai.
Chi è giovane e bella
Qui est jeune et belle
Deh ! non sie punto acerba,
ah ! qu’elle ne soit pas cruelle,
Ché non si rinnovella
car l’âge ne se renouvelle pas
L'età come fa l'erba :
comme l’herbe :
Nessuna stia superba
qu’aucune ne soit orgueilleuse
All'amadore il maggio.
envers son amant en mai.
Ciascuna balli e canti
que chacune danse et chante
Di questa schiera nostra.
dans notre troupe.
Ecco che i dolci amanti
Voilà que vos doux amants
Van per voi belle in giostra :
entrent en lice pour vous :
Qual dura a lor si mostra
qui se montre dure envers eux
farà sfiorire il maggio.
fera faner le mois de mai.
Per prender le donzelle
Pour prendre les jeunes filles
Si son gli amanti armati.
les amants se sont armés.
Arrendetevi, belle,
Rendez-vous, belles,
A' vostri innamorati ;
à vos amoureux ;
Rendete e' cuor furati,
rendez les cœurs volés
Non fate guerra il maggio.
ne faites pas la guerre en mai.
(Non enregistré par Palladini) :
Chi l'altrui core invola
Qui vole son cœur à quelqu’un
ad altrui doni el core.
lui donne aussi son cœur.
Ma chi è quel che vola ?
Mais qui est-ce qui vole ?
È l'angiolel d'Amore
C’est l’angelot d’amour
che viene a fare onore
qui vient avec vous faire honneur,
con voi, donzelle, al maggio.
jeunes filles, au mois de mai.
Amor ne vien ridendo,
L’amour vient à nous en riant
con rose e gigli in testa,
avec des roses et des lys sur la tête
e vien di voi caendo :
et vient ici vous cherchant :
fategli, o belle, festa.
faites-lui fête, oh belles.
Qual sarà la piu presta
Quelle sera la plus prompte
a darli e fior del maggio ?
à lui donner sa fleur en mai ?
« Ben venga il peregrino !
« Bienvenue au pèlerin ! (l’étranger, celui qui arrive)
Amor, che ne comandi ?»
Amour, que lui commandes-tu ? »
« Ch’al suo amante il crino
« Qu’à son amant chaque belle
ogni bella ingrillandi,
orne les cheveux de guirlandes,
ché li zitelli e grandi
car les jeunes et les grands
s’innamoran di maggio ».
tombent amoureux en mai ».
Botticelli, Portrait de jeune fille, Simonetta Vespucci, 1480-85, Francfort
Laurent était à la tête d’une « bande » (brigata) de nobles, hommes et femmes qui représentait l’élite de la société
florentine, et avec lesquels il faisait des fêtes, organisait des processions dans les rues de Florence et se faisait
acclamer par le reste de la population. C’était un aspect de sa politique culturelle, lui qui, depuis l’enfance, fut
passionné de littérature, et son groupe comprenait les artistes, les poètes, les humanistes qu’il protégeait et avec
lesquels il pratiquait un mécénat très important. Parmi les membres de sa brigade, on pouvait noter, outre le
Politien (Angelo Ambrogini, appelé Poliziano parce qu’il était de Montepulciano), le philosophe Cristoforo
Landino (1425-1498)), Giovanni Pico della Mirandola (1463-1494), Luigi Pulci (1432-1484), le philosophe
Marsilio Ficino et les philosophes de l’école néoplatonicienne qui affirmaient l’identité entre la pensée chrétienne et
la philosophie platonicienne. Ainsi la cour de Laurent finissait par identifier le Dieu-charité de l’Église et l’amour
humain, la sensualité, qui portait ainsi l’homme vers Dieu. Ils appellent donc les femmes à ne pas être « cruelles »
envers le désir des hommes et à ne pas leur refuser le plaisir de posséder leur beauté. La jeunesse passe et on doit
profiter de la beauté donnée par la Nature. Regardez ci-contre la Naissance de Vénus (1484-5) de Botticelli (qui
collaborait avec le Politien) et son Printemps.
Lorenzo era a capo di una « brigata » di nobili, uomini e donne, che rappresentava l’élite della società fiorentina, e con i quali faceva festa, organizzava
processioni nelle vie di Firenze e si faceva acclamare dal resto della popolazione. Era un aspetto della sua politica culturale, lui che dall’infanzia fu appassionato di
letteratura, e la sua brigata comprendeva gli artisti, i poeti, gli umanisti da lui protetti e con i quali praticava un mecenatismo grandissimo. Tra i membri della
brigata, si poteva notare, oltre al Poliziano (Angelo Ambrogini, chiamato Poliziano, perché era di Montepulciano), il filosofo Cristoforo Landino (1425-1498),
Giovanni Pico della Mirandola (1463-1494), Luigi Pulci (1432-1484), il filosofo Marsilio Ficino e i filosofi della scuola neoplatonica che affermavano l’identità
tra il pensiero cristiano e la filosofia platonica. Così la corte di Lorenzo finiva coll’identificare il Dio-caritas della Chiesa e l’amore umano, la sensualità, che così
portava l’uomo verso Dio. Chiamano dunque le donne a non essere « crudeli » verso il desiderio degli uomini e a non rifiutargli il piacere di possedere la loro
bellezza. La giovinezza passa e si deve approfittare della bellezza data dalla Natura. Guardate la Nascita di Venere del Botticelli (che collaborava col Poliziano)
e la sua Primavera.
Il trionfo di Bacco e Arianna
(Texte : Lorenzo de’Medici, Canti carnascialeschi, 1490 ?
Interprétation : Angelo Branduardi, Domenica e lundì, 1994))
Quest’è Bacco e Arianna,
Voici Bacchus et Arianne
Belli, e l’un dell’altro ardenti
beaux l’un et l’autre et amoureux
Perché ‘l tempo fugge e ‘nganna,
parce que le temps fuit et trompe
Sempre insieme stan contenti.
ils sont ensemble, toujours heureux.
Queste ninfe e altre genti (= le Baccanti)
Ces nymphes et d’autres gens
Sono allegre tuttavia.
sont heureux à tout moment.
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude
Questi lieti Satiretti
Ces joyeux petits satyres
Delle ninfe innamorati,
tombés amoureux des nymphes
Per caverne e boschetti
dans les cavernes et les bosquets
Han lor posto cento aguati :
ont installé leurs pièges :
Or da Bacco riscaldati
Maintenant excités par Bacchus
Ballan, saltan tuttavia :
ils dansent et sautent continuellement
Chi vuol esser lieto, sia
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude.
Queste ninfe hanno anco caro (= piacere)
Ces nymphes ont aussi du plaisir
Da loro essere ingannate ;
à être trompées par eux ;
Non puon fare a Amor riparo,
ne peuvent se protéger de l’amour
Se non genti rozze e ‘ngrate :
que les gens rustres et ingrats
Ora insieme mescolate,
maintenant ensemble enlacés
Fanno festa tuttavia.
ils font la fête sans cesse.
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude.
Questa soma che vien dreto (= questo peso)
Cette masse qui vient derrière
Sopra l’Asino è Sileno ;
sur un âne, c’est Silène ;
Cosi’ vecchio è ebbro e lieto,
vieux comme il est, il est ivre et jpyeux
Già di carne e d’anni pieno.
déjà plein de viande et d’années.
Se non puo’ star ritto, almeno
s’il ne peut pas se tenir droit, au moins
Ride e gode tuttavia.
il rit et jouit sans cesse
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude.
Mida vien dopo costoro,
Midas vient après eux
Cio’ che tocca oro diventa ;
ce qu’il touche devient de l’or ;
A che giova aver tesoro,
à quoi bon avoir un trésor,
S’altri poi non si contenta ? (= accontenta)
s’il ne contente pas quelqu’un ?
Che dolcezza vuoi che senta
quelle douceur veux-tu que sente
Chi ha sete tuttavia ?
celui qui a toujours soif ?
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude
Ciascun apra ben gli orecchi,
Que chacun ouvre bien ses oreilles,
Di doman nessun si paschi ;
que personne ne se nourrisse de joies futures ;
Oggi siam giovani e vecchi,
aujourd’hui, jeunes et vieux,
Lieti ognun femmine e maschi :
femmes et hommes, nous sommes tous joyeux ;
Ogni tristo pensier caschi :
que tombe toute pensée triste
Facciam festa tuttavia :
faisons la fête sans arrêt ;
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude
Donne e giovanetti amanti,
Dames et jeunes gens amoureux
Viva Bacco e viva Amore ;
Vive Bacchus et vive l’amour ;
Ciascun suoni balli e canti,
Que chacun joue, danse et chante ;
Arda di dolcezza il core ;
que votre cœur brûle de douceur ;
Non fatica, non dolore ;
Pas de peine, pas de douleur ;
Quel ch’ha esser, convien sia.
Il faut que soit ce qui doit être.
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’è certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude.
Quant’è bella giovinezza
Que la jeunesse est belle
Che si fugge tuttavia ! (= ancora)
qui s’enfuit sans cesse !
Chi vuol esser lieto, sia :
Que celui qui veut être joyeux le soit :
Di doman non c’é certezza.
du lendemain il n’y a pas de certitude.
Ballade de rythme xyyx – abab - byyx. Elle ne s’explique pas sans référence à la poésie antique, Ovide, Homère, Xénophon qui firent allusion aux « cortèges de
Bacchus », défilés de femmes et de satyres qui suivaient le char de Bacchus, dans les anciennes fêtes de Bacchus, les Dionysies. Le thème est encore celui du
carpe diem et de la sensualité libérée, mais au-delà du triomphe paganisant, on peut lire un sens éthique, l’usage responsable du temps selon le philosophe
platonicien Marsile Ficin et l’Ecclésiaste biblique, et une invitation pressante à vivre le temps présent.
Ariane, fille du roi de Crète Minos, aida Thésée à sortir du labyrinthe, elle fut enlevée par lui puis abandonnée sur une plage, et sauvée par Bacchus et son
cortège, symboles de l’éternelle jeunesse. Les Nymphes sont les Bacchantes, nourrices puis suivantes de Bacchus, et symbole du retour cyclique de la joie. Selon
Homère, les « vieux » Silènes étaient des démons à moitié chevalins, tandis que les « jeunes » Satyres (parmi lesquels Midas) étaient des personnages du
cortège qui ne pouvaient pas échapper à l’amour (selon le concept du Dolce Stil Novo, voir Francesca da Rimini). Silène était le précepteur de Dionysos, et il
avait donné le don des sentences à Midas, le mythique roi de Phrygie ; celui-ci avait libéré Silène de sa prison, et Midas avait obtenu de Dionysos le pouvoir de
transformer en or tout ce que touchait sa bouche, d’où le danger de mourir de faim. La soif est ici le désir de l’homme de connaître la vérité.
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